Le débat a un brillant avenir à l’AFT

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Publié 26/11/2013 par François Bergeron

Après une soirée de débats animés, quoique parfois décousus, on ne sait toujours pas si le français est soluble dans le 21e siècle, mais on sait que la polémique elle-même ne tarira jamais.

Les optimistes paraissaient plus nombreux que les pessimistes, vendredi soir, à l’Alliance française de Toronto, même si plusieurs jeunes universitaires Français présents dans la galerie Pierre Léon n’ont manifesté aucune intention de remplacer leurs détestables expressions anglaises (mail, shopping, trader, sponsor, etc.) par les bons termes français (courriel, magasinage, courtier, commanditaire, etc.) comme le font avec enthousiasme les Canadiens-Français.

Certains Français seraient même choqués de découvrir, en visitant un McDo au Québec, que le «Happy Meal» y est appelé un «Joyeux Festin». En France, c’est un «Happy Meal»!

L’AFT inaugurait donc ce 22 novembre sa série de débats sur le thème «Le français est-il soluble dans le 21e siècle?», vaste question à laquelle se sont attaqués le professeur de l’Université York Christian Marjollet, l’animatrice de TFO Gisèle Quenneville et la «super vedette» Danielle Turcotte, directrice de l’OQLF, l’Office québécois de la langue française, organisme comparé à l’Académie française (pas toujours un compliment) ou à l’Inquisition espagnole (définitivement pas un compliment).

Plusieurs participants étaient venus confronter la «police» québécoise de la langue (Danielle Turcotte), dont les efforts pour populariser des termes français plutôt que les termes anglais, surtout dans le domaine des affaires et des nouvelles technologies, ne font pas l’unanimité au sein de la francophonie, surtout de l’autre côté de l’Atlantique.

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La présentatrice Christiane Dumont, également professeure à l’Université York, a fait remarquer que la majorité des parlants français en 2050 (750 millions de personnes, contre 220 millions aujourd’hui) seront Africains.

Un étudiant camerounais s’est montré plutôt dubitatif, le français étant pour plusieurs Africains la langue du colonisateur, comme d’ailleurs l’anglais, et souvent une langue «seconde» par rapport au dialecte local. Ce qui a permis de discuter des «propriétaires» et des «locataires» de la langue, la plupart des gens aspirant, bien sûr, à devenir «propriétaires».

Tandis que Christian Marjollet préfère «choisir ses batailles» et ne reprend pas ses étudiants à chaque mot ou tournure de phrase incorrecte, Gisèle Quenneville, elle, se fait un point d’honneur, à la télé (pas en studio avec ses collègues), de bannir les mots anglais de son vocabulaire, consciente de son rôle pédagogique.

Mais elle-même reconnaît que «ce n’est pas en brandissant le drapeau franco-ontarien qu’on va intéresser les jeunes à bien parler le français ou seulement à continuer de le parler». Qui plus est, selon Christian Marjollet, «y a pas le feu»: il n’y aurait que 2% de mots anglais utilisés dans la langue française…

Danielle Turcotte s’est dite particulièrement intéressée par les diverses variétés de français. Le nouveau dictionnaire terminologique de l’OQLF – très consulté par les entreprises et les organisations – présente désormais non plus un mais plusieurs «bons» termes pour certains mots anglais, avec toutefois une gradation de vert (idéal), à jaune (OK) et à rouge (interdit).

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L’article de Martin Francoeur la semaine dernière: La directrice de l’OQLF au débat de l’AFT

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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