Le Centre francophone de Toronto consolide ses acquis

Entrevue avec la nouvelle directrice du Centre francophone de Toronto

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Publié 30/09/2008 par Annik Chalifour

«Le Centre francophone de Toronto (CFT) a traversé une croissance exceptionnelle au cours des cinq dernières années», indique Lise-Marie Baudry, récemment entrée en fonction comme directrice générale du CFT. «Nos objectifs actuels», précise-elle au cours d’une entrevue à L’Express, «portent essentiellement sur la consolidation de nos acquis. Nous poursuivons notre plan stratégique couvrant la période 2007-2010 axé sur la nouvelle mission du CFT qui fut adoptée lors de l’assemblée générale annuelle en 2008.»

«La fusion de nos services médico-communautaires et d’établissement marque un tournant important dans l’évolution du CFT. Nous nous sommes transformés en un centre multiservices. Nous sommes devenus plus que des services de santé. Nous offrons un menu complet de services interreliés visant à appuyer la communauté francophone dans toute sa diversité», explique Lise-Marie Baudry. «Il s’agit d’une étape-clé dans l’histoire du CFT.»

«Notre programme d’établissement est souvent une porte d’entrée vers l’ensemble de nos services destinés aux nouveaux arrivants (issus en majorité d’Afrique francophone) qui constituent maintenant une grande partie de notre clientèle», ajoute la nouvelle directrice générale.

«Depuis les années 90, le portrait de la clientèle du CFT a grandement changé», disait-elle. «65% des individus qui forment notre clientèle actuelle sont nés en dehors du Canada: ils sont soit réfugiés au sens de la Convention, résidents permanents, ou devenus citoyens canadiens. Plusieurs ont premièrement immigré au Québec, puis ont décidé de se relocaliser en Ontario pour des raisons économiques, faute de ne pas pouvoir trouver d’emplois dans la province voisine.»

«85% des dossiers traités par notre clinique d’aide juridique sont liés à l’immigration», dit Mme Baudry. «Cette statistique démontre bien le profil de notre clientèle francophone essentiellement immigrante qui diffère largement des clientèles desservies par les autres cliniques juridiques offrant plutôt des services liés à des problèmes de logement, d’assistance sociale ou autres.»

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Les services d’établissement du CFT visent à appuyer toute personne ou famille francophone ayant immigré à Toronto ou nouvellement arrivée dans leur démarche d’insertion et de les assister dans leur quotidien. Les nombreux services mis à leur disposition par le CFT incluent des services sociaux (hébergement, assistance financière, immigration), des services juridiques, au gouvernement, et dans la communauté.

Les services sont disponibles durant le jour du lundi au vendredi, et jusqu’à 20h les mercredis et jeudi soirs.

Le programme d’établissement est financé en grande partie par le gouvernement fédéral (Citoyenneté et Immigration) et aussi par le gouvernement provincial (Affaires civiques et Immigration). «L’immigration reste un dossier chaud. Les priorités des deux paliers gouvernementaux ne sont pas toujours en accord.»

«La croissance des services de santé demeure plus fragile», poursuit-elle. «Les perspectives d’expansion restent limitées dans ce domaine puisqu’elles sont dictées par le ministère de la Santé. Les hôpitaux ont priorité sur les centres communautaires. La restructuration du service centralisé d’accès au financement mis en place par le ministère de la santé ne facilite pas le processus. Il nous faut reconstruire notre relation avec le bailleur de fonds, refaire le travail de sensibilisation et d’éducation. La situation actuelle de nos services ne correspond pas à la demande. On aurait besoin de deux autres médecins afin de suffire aux besoins.»

«Par contre», ajoute-elle, «nous pouvons assurer un service en français dans des domaines essentiels où l’individu a besoin de s’exprimer dans sa langue première. Par exemple les services juridiques, et les services à la petite enfance. Le public peut venir à notre clinique médicale sur rendez-vous du lundi au vendredi durant les heures d’ouverture du bureau, et le samedi de 9h30 à 13h30.»

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«Nous offrons également deux services exclusifs de santé répondant à des besoins spécifiques: le service de santé mentale La Passerelle situé à l’école Ste-Madeleine visant les enfants des écoles élémentaires de l’ensemble des écoles des deux Conseils scolaires, et Le Coin de la petite enfance offrant des programmes variés pour les petits de 0 à 6 ans, dont les activités Parents-bambins. Ce nouveau programme vise à promouvoir le développement moteur et social de l’enfant. Il est offert en français à plusieurs adresses dans la communauté de Toronto.»

«Le mandat du CFT se concrétise aussi par le biais de partenariats à long terme avec la communauté», indiquait Mme Baudry. «Par exemple avec les Centres d’Accueil Héritage, les Conseils scolaires et le Collège Boréal, et plus récemment avec l’organisme Franco-Queer destiné à devenir pourvoyeur de services. Nous animons aussi l’émission Vivre mieux en collaboration avec CHOQ-FM le premier et troisième jeudi de chaque mois de 18h à 19h. Patrick Bizindavyi du CFT, est l’animateur de l’émission.»

«Nous travaillons également de pair avec certains organismes anglophones, plus particulièrement dans le secteur de l’aide à l’emploi. Par exemple avec l’organisme Skills for Change dont l’équivalent des services n’existe pas en français. Il s’agit d’assister les nouveaux arrivants à trouver un emploi, tel que par exemple leur fournir l’opportunité d’apprendre l’anglais ou de se perfectionner dans un domaine de travail. Ce serait de se leurrer que de croire que les francophones arrivant à Toronto pourront tous dénicher un emploi au sein de la communauté francophone. C’est la réalité du milieu qui s’impose. Rien ne sert à isoler les francophones.»

La programmation culturelle du CFT a été lancée le 25 septembre dernier. Le public est invité à consulter le site Internet www. centrefranco.org afin de connaître le calendrier d’activités.

Voici un aperçu d’ateliers gratuits offerts au cours des prochains mois: diabète action tous les samedis matins, connexion-bébé les lundis après-midi du 20 octobre au 2 décembre, orientation de carrière mardi après-midi le 21 octobre, les soupers africains le dernier vendredi de chaque mois.

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«Je suis choyée», dit-elle de travailler entourée d’un groupe de 75 employés professionnels dédiés à la mission du CFT, et qui reflètent (ainsi que le CA) la dimension multiculturelle de la francophonie torontoise», DIT-elle.

«Mon prédécesseur Jean-Gilles Pelletier a mis sur pied une excellente équipe de gestion que je connais bien. Plusieurs membres de l’équipe ont gravi les échelons de l’organisme. Ils ont la capacité de faire du mentorat et de former le personnel à l’intérieur, en plus de constituer notre mémoire corporative», conclue Mme Baudry.

«Mon style de gestion ne diffère pas de celui de Jean-Gilles. Les gens du CFT savent bien qui je suis. Je suis très attachée au CFT, ayant été bénévole et cliente de l’organisme, puis membre du CA durant 5 ans (2000-2005). J’ai fait partie des artisans de la création de notre première clinique juridique et de nos services à la petite enfance. J’ai vécu la gestion sensible de changement relative à la fusion de nos services médico-communautaires et d’établissement. En acceptant ce poste, je comprenais le défi de protection de notre identité dans lequel je m’embarquais», confie-elle.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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