Le Canada bien placé pour conseiller Obama, selon Pierre Pettigrew

De la confiance à l’exubérance à l’arrogance

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Publié 06/10/2009 par François Bergeron

Les origines de la récession économique mondiale actuelle peuvent être retracées dans l’évolution du modèle américain caractérisé par «la confiance» sous Ronald Reagan, «l’exubérance» sous George Bush père et Bill Clinton, et finalement «l’arrogance» sous George Bush fils.

C’est le «consensus de Washington», voulant que le gouvernement soit plus souvent le problème que la solution au problème, qui a éclaté en 2008, a soutenu l’ancien ministre libéral fédéral Pierre Pettigrew à la tribune du Club canadien de Toronto mardi dernier.

«La pire erreur que nous pourrions commettre en cette sortie de récession», dit-il, «serait de simplement revenir là où nous étions.»

On n’a pas affaire à une récession habituelle: «nos modèles se sont écrasés» et ont mis en lumière de graves lacunes, notamment au chapitre de la réglementation des institutions financières, indique M. Pettigrew, qui a été ministre de la Santé en 2003, des Affaires étrangères de 2004 à 2006, et qui est aujourd’hui conseiller de direction aux affaires internationales chez Deloitte à Toronto.

Le Canada, un modèle

Dans un langage imagé et percutant, le conférencier a brossé un tableau plutôt sombre, mais pas catastrophique, de la situation économique mondiale, dans laquelle, il faut le dire, le Canada tire son épingle du jeu.

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Le Canada serait même, selon lui, particulièrement bien placé pour conseiller son voisin américain, «hésitant» face à la voie à prendre. Nos alliés aussi sont divisés.

C’est que le Canada (sous les gouvernements libéraux de Jean Chrétien et de Paul Martin, rappelle-t-il avec un sourire en coin) engrangeait des surplus tout en finançant de meilleurs programmes sociaux quand les États-Unis étaient déjà déficitaires et s’engageaient dans des aventures militaires coûteuses.

Les énormes déficits accumulés avant la crise, et ceux encore plus spectaculaires engendrés par la crise, hypothèquent lourdement l’avenir et font que la «nouvelle ère» évoquée au G20 et dans d’autres forums «reste à définir».

La Chine n’est pas prête

Le défi sera de rééquilibrer les relations politiques et économiques internationales. À l’heure actuelle, la Chine, une dictature, est le principal créancier des États-Unis, la première puissance démocratique depuis 1945.

Ce n’est pas une situation saine. «Le Canada a remboursé d’abord sa dette extérieure», se réjouit M. Pettigrew. «La dette actuelle du gouvernement fédéral et des provinces est due à des Canadiens.»

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La Chine «n’est pas encore prête», selon le conférencier, à jouer un rôle de premier plan sur la scène mondiale, justement en raison de son système politique où les libertés ne constituent encore que des exceptions à la règle.

M. Pettigrew refuse de disqualifier les États-Unis et même de parler de déclin. Même s’ils devront mieux consulter leurs alliés occidentaux et les puissances montantes, les États-Unis restent le pays de l’innovation, de la science et de l’industrie, dit-il.

Capitaliste

«Je reste capitaliste», lance-t-il après une tirade contre les récents excès de Wall Street et ses «produits financiers que personne ne comprenait».

«Je n’ai pas de problème avec la rémunération des banquiers, mais il faut que cela corresponde à de la création de richesse. Ces dernières années, on donnait des bonus pour avoir détruit de la valeur!»

«Le Canada est un pays québécois»

Par ailleurs, appelé à commenter la dispute entre le chef libéral Michael Ignatieff et son ex-lieutenant québécois Denis Coderre, Pierre Pettigrew l’a qualifiée d’«incident regrettable», tout en notant que la politique est parfois un «sport brutal».

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M. Coderre voulait imposer sa candidate dans Outremont, un ex-bastion libéral détenu présentement par le néo-démocrate Thomas Mulcair, mais que convoite aussi l’ex-ministre Martin Cauchon, un rival potentiel de M. Coderre dans une future course à la chefferie libérale. M. Ignatieff a tranché en faveur de M. Cauchon.

Selon M. Pettigrew, c’est une erreur de concentrer les pouvoirs politiques et organisationnels dans une province chez une seule personne «qui finit par se prendre pour le chef». Sous Pierre Trudeau, rappelle-t-il, Jean Marchand, Marc Lalonde, Gérard Pelletier et André Ouellet se partageaient les tâches.

L’ancien ministre s’est amusé des inquiétudes suscitées par ces divisions au sujet de la place du Québec au sein du Canada.

«Le Canada est un pays profondément québécois», souligne M. Pettigrew. «Ce sont des Québécois (sous Trudeau) qui voulaient cette Charte des droits et libertés, inspirée de la tradition juridique française, qui est devenue un symbole du Canada. Ce sont des Québécois (sous Brian Mulroney) qui voulait le libre-échange avec les États-Unis; l’Ontario était contre! Ce sont des Québécois (sous Jean Chrétien) qui ont refusé de participer à l’invasion de l’Irak…»

L’influence québécoise sur la culture et les valeurs canadiennes reste très importante et, selon M. Pettigrew, justifie ses convictions fédéralistes.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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