Le balai a changé de camp

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Publié 27/08/2010 par François Bergeron

À moins que le néo-démocrate Joe Pantalone ne soit élu le 25 octobre prochain, le prochain maire ou la prochaine mairesse de Toronto lancera un appel d’offres à l’entreprise privée pour le ramassage des ordures.

En effet, les libéraux Rocco Rossi et George Smitherman, le conservateur Rob Ford et l’indépendante ou inclassable Sarah Thomson, les candidats et candidate les plus en vue, souhaitent tous privatiser ce service municipal sur réception de la première offre intéressante.

Empoisonnés l’été dernier par le syndicat des employés municipaux, qui a cessé de ramasser les ordures et qui a aussi fermé les piscines et les camps de vacances, les Torontois attendent patiemment le jour du scrutin pour se débarrasser de la clique qui a permis de tels abus et qui considère l’Hôtel de Ville comme sa chasse gardée.

Rocco Rossi a choisi le 28 juillet, jour anniversaire de la fin de la grève de 2009, pour souligner qu’il «ouvrira le ramassage des ordures à un appel d’offres au cours de son premier mandat, dans le but d’épargner des millions de dollars par année et de prévenir une grève comme celle qui a transformé nos parcs et espaces publics en dépotoirs l’an dernier». (Traduction libre d’un texte lu dans son site internet.)

George Smitherman promet carrément que «ça ne se reproduira pas» avec lui comme maire. Il nuance toutefois en disant «considérer» la privatisation du ramassage et du recyclage des ordures, «sur une base quartier par quartier, quand le niveau de service peut être amélioré ou maintenu à des coûts moins élevés»…

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Sans préciser quand on pourra célébrer cet heureux événement, il ajoute que cela dépendra de «comités de citoyens qui évalueront les offres de services»… C’est flou, mais il assure que «tout contracteur extérieur soumissionnaire ou embauché sera soumis à une nouvelle règle anti-grève».

Rob Ford cite l’exemple d’Etobicoke qui a conservé, après sa fusion avec Toronto, son service privé de ramassage des ordures. Ford propose d’étendre ce système à toute la ville «pour gagner 20 millions $ par année» et «être assuré que les éboueurs ne déclencheront pas de grève inutile». Lui aussi promet de procéder par appel d’offres.

Même son de cloche chez Sarah Thomson: «Nous devons ouvrir le processus de soumission à des services comme le ramassage des ordures» afin d’obtenir «le meilleur service au meilleur prix».

En réalité, la privatisation des services ne fait pas automatiquement disparaître le syndicalisme ni le risque de grève (pour cela on devrait s’adresser au gouvernement provincial et demander de modifier les lois du travail protégeant ces privilèges anachoniques), même si ça tend effectivement à favoriser une meilleure productivité, à des coûts plus raisonnables et à protéger les services essentiels.

Seul l’adjoint du maire sortant David Miller, Joe Pantalone, inféodé à la mafia syndicale, ne fait aucune mention dans sa littérature électorale de la grève des éboueurs, encore moins de privatisation de services municipaux.

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Le mot «déficit» est introuvable dans le site de «Mayor Joe», consacré surtout aux voies cyclables, voitures hybrides et autres terrains de cricket et programmes sociaux pour lesquels, apparemment, on ne devrait pas regarder à la dépense.

Tous les autres candidats s’engagent à équilibrer le budget, en réduisant ou rationalisant les dépenses, pas en seulement en allant quêter à Queen’s Park et à Ottawa. Le balai, symbole du «ménage» à faire à l’hôtel de ville, que brandissait David Miller en 2003, a changé de camp: il est à droite.

Rossi paraît sincèrement préoccupé des finances de la ville, mais c’est Rob Ford qui en fait son principal, presque son unique, cheval de bataille, lui que des sondages surréalistes placent déjà en avance dans les intentions de vote des Torontois, malgré ses déboires avec la justice et les médias.

La majorité des électeurs commenceront à s’intéresser aux élections municipales et aux candidats à la mairie quelques semaines seulement avant le scrutin. Ils ne perdent rien pour attendre: Pantalone à gauche, Smitherman et Rossi au centre, Ford à droite et Thomson parce qu’elle est la seule femme offriront une campagne animée, tant sur leurs idées parfois originales que sur leurs travers parfois inquiétants.

Rossi, ex-directeur national du Parti libéral du Canada, parle relativement bien français. C’est inutile dans une campagne électorale municipale mais, évidemment, ce n’est pas inintéressant pour nous. Il comprend sans doute d’où on vient quand on s’offusque d’être traité comme n’importe quelle minorité ethnique.

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Smitherman a été l’un des ministres les plus importants du gouvernement libéral ontarien. Il est au fait lui aussi de la présence et de la problématique francophones.

Ford? Attendons encore quelques semaines pour nous prononcer…

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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