Le 28 juin dernier, privilégié, je me trouvais en Islande et avais l’occasion d’assister au concert donné gratuitement par Björk et Sigur Rós afin de sensibiliser leurs concitoyens au fait qu’ils n’avaient pas besoin d’une autre aluminerie et, pour cela, de noyer des milliers d’hectares de beauté.
Mon propos n’est pas ici de faire un compte rendu de ce concert, toutefois remarquable à bien des égards, ne serait-ce que parce qu’au moins 10 % de la population du pays y assistait (imaginons un concert où 10 % du Grand Toronto serait présent pour réclamer la fermeture de l’abattoir au sud de Bathurst qui empeste une partie du centre-ville), pas plus de dresser un portrait touristique de l’Islande.
Non, mon propos est d’attirer l’attention sur le message de ce concert et surtout sur ce qu’il signifie.
Les Islandais ont le revenu par habitant le plus élevé de la planète après les Norvégiens, le chômage est quasi inexistant au point que l’Islande doit faire venir des immigrants pour occuper les emplois dans le secteur des services, mais malgré ces avantages économiques, sans au moins passer par un référendum, le gouvernement de ce pays s’est entêté à donner suite au projet contesté d’une aluminerie géante qui, même si elle promet de créer mille emplois (inutiles), va aussi entraîner des dommages irréparables à la véritable richesse de ce pays: sa nature d’une beauté ahurissante.
La question nous touche tous. Pourquoi de plus en plus les gouvernements des pays démocratiques sont-ils de moins en moins démocrates (sommes-nous en Afghanistan par la volonté du peuple)? Pourquoi cette fuite en avant, cette destruction obstinée de tout ce qui est beau et vivant?