L’art de vivre canadien

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Publié 09/11/2010 par Annik Chalifour

Accèss Arts Canada, en collaboration avec Afrique Nouvelle Musique, a présenté une comédie dramatique intitulée Expérience canadienne au Centre Matongé, 224 rue Parliament, les 5 et 6 novembre. «La pièce vise à sensibiliser l’auditoire aux nombreux défis rencontrés par les nouveaux arrivants face à la recherche d’emploi dès leur arrivée au Canada: pour l’ensemble des immigrants, l’accès à l’emploi représente la clé de l’intégration à la société canadienne», a souligné Lumembo Tshiswaka, président d’Accèss Arts Canada.

La pièce raconte l’histoire d’un Africain de 40 ans, médecin, qui décide de quitter son pays d’origine en proie à la guerre pour venir vivre au Canada. L’homme arrive à Toronto en plein hiver (-20C, mais ensoleillé!) avec l’espoir de gagner sa vie en fonction de ses longues études médicales complétées en Afrique et en Europe ainsi que son expérience professionnelle acquise dans le domaine médical auprès des Nations Unies.

Cinq membres d’Accèss Arts Canada forment la troupe de comédiens dont Lumembo Tshiswaka, auteur de la pièce, George Mulamba, directeur d’Accèss Arts Canada, Vital Kasongo, cinéaste, Jean-Claude Mongita et Godé Amapela.

L’histoire souligne le manque d’information pertinente diffusée par le Canada préalablement à l’arrivée des immigrants au pays; la méconnaissance du vécu des demandeurs d’asile; le réseautage comme outil essentiel de recherche d’emploi dans le contexte du marché du travail canadien; le choc culturel ressenti entre le nouvel arrivant et le Canadien, causé par des différences culturelles liées à des modes de vie divergents.

Sur un ton d’humour, la pièce fait réfléchir au concept de l’expérience canadienne que nul n’arrive à définir, ni du côté de l’immigrant ni du côté canadien.

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Portes grandes ouvertes

«J’ai lu que le Canada est à la recherche de professionnels comme moi. Vu mon éducation et mon expérience, je pourrai gagner un salaire annuel de 200 000 $!», déclare-t-il à son père, en lui expliquant sa motivation de partir vivre le grand rêve canadien.

Le destin l’emportant sur les traditions familiales (son père étant haut gradé dans l’armée de ce pays en guerre), le fils aîné s’envole vers Toronto, ville de tous les espoirs. Il arrive ici rempli d’attentes. On entend encore son père lui dire: «Ton corps sera là-bas, mais ton esprit sera en Afrique…»

En arrivant à l’aéroport de Toronto, il réclame le statut de réfugié vu le conflit sévissant dans son pays, raison de son départ. L’agente à l’immigration de langue anglaise, lui parle avec un français que l’arrivant francophone a peine à décoder… On lui demande de remplir des formulaires «pour raconter son histoire sur laquelle on va se pencher, cela va prendre un certain temps», dit-elle.

Choc culturel

De quelle histoire s’agit-il? L’arrivant reste perplexe devant les multiples définitions associées aux différents statuts de réfugié que lui explique rapidement l’agente qui n’a pas beaucoup de temps. L’arrivant est un numéro parmi tant d’autres qui font la queue…

Pourtant, le Canada lui ouvre grandes ses portes et selon ce nouvel immigrant, il est arrivé au 7e ciel: «Le Canada est le pays de rêve, après Dieu!» Un ami africain l’accueille et lui explique les bases de la vie canadienne qui semblent faciles à adopter: il s’agit simplement d’apprendre l’anglais et de savoir dire en anglais qu’on cherche du travail… Bienvenue dans le contexte majoritaire ontarien!

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Au cours de sa recherche intensive d’emploi relié à son secteur professionnel, l’arrivant voit sa candidature continuellement rejetée «parce qu’il n’a pas l’expérience canadienne exigée par tous les employeurs canadiens.»

Son entourage social composé de membres de la communauté africaine et d’un ami d’ici, lui rappelle constamment qu’il doit acquérir l’expérience canadienne à tout prix!

«Existe-t-il une école d’apprentissage à l’expérience canadienne? Où trouve-t-on cette fameuse expérience?», demande le nouvel arrivant découragé.

Expérience canadienne

On pourrait dire que l’expérience canadienne se retrouve dans l’art de vivre canadien influencé par nos valeurs culturelles. Sur le marché du travail, cet art de vivre se traduit à travers nombre d’attitudes qui caractérisent la façon de faire les choses par les gens d’ici.

Par exemple, la gestion stricte du temps; une communication verbale explicite; le sens de l’initiative et de l’autonomie; la planification du futur; la prise de décision basée sur des besoins identifiés; la gestion quotidienne de plusieurs agendas (professionnel, familial et personnel) qui ne sont pas interreliés pour ne citer que quelques-uns des multiples aspects de la façon canadienne.

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Sans oublier que nous œuvrons au sein d’un système démocratique valorisant les droits individuels, l’équité et l’égalité. Tout un menu à digérer pour un nouvel immigrant demandeur d’asile!…

Le traitement de l’immigration suppose l’acquisition d’habiletés culturelles tant par les employés nouveaux arrivants que les employeurs canadiens. Ces habiletés devraient idéalement s’illustrer dans tous les domaines d’emploi: c’est l’héritage de la loi canadienne sur le multiculturalisme (1971), visionnant le développement du pays…

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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