L’année du changement aux États-Unis?

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Publié 15/01/2008 par François Bergeron

Si George W. Bush possédait un sens de l’honneur, il reconnaîtrait, dans son prochain et dernier discours sur l’état de l’Union, que la guerre en Irak est une erreur dont il est le premier responsable et qu’il ne devrait pas léguer à son successeur. Il pourrait annoncer un calendrier de retrait de toutes les troupes américaines d’Irak avant l’inauguration de la nouvelle administration Obama ou Clinton.

Mais ce président américain n’ayant jamais manifesté plus d’éthique que de jugement depuis le 11 septembre 2001, on n’attend rien de tel au cours de sa dernière année au pouvoir à Washington.

La campagne électorale en vue des scrutins présidentiels et législatifs de novembre prochain aux États-Unis suscite un intérêt mondial en raison des répercussions, presque toutes négatives, de la «guerre au terrorisme» qui a défini l’administration actuelle. Bush passera à l’histoire pour l’un des pires présidents de ce grand pays, jadis un phare de libertés et de démocratie suscitant l’envie, le respect et même l’amour, aujourd’hui méprisé sous toutes les latitudes.

Les Démocrates Hillary Clinton et Barack Obama (présidente et vice-président, ou vice-versa?) proposent tous les deux un retrait d’Irak dès leur arrivée à la Maison Blanche, et un réalignement de la politique étrangère américaine fondé sur la consultation des alliés et sur le dialogue avec des «ennemis» comme la Syrie et l’Iran.

Le jeune sénateur noir de l’Illinois (élu en 2006 seulement) fait valoir qu’il aurait voté contre la guerre d’Irak en 2002. L’épouse de Bill Clinton, sénatrice de New York, avait voté pour, comme presque tous les membres du Congrès, mais elle le regrette aujourd’hui et elle s’est opposée à l’augmentation du nombre de soldats américains en Irak décidée par Bush en 2007.

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Chez les Républicains, seul le libertarien Ron Paul, qui n’a aucune chance de l’emporter, se scandalise de l’inconstitutionnalité de cette guerre (il avait voté contre en 2002 et il s’est prononcé contre l’injection de nouvelles troupes en 2007), voire de toute la politique étrangère américaine actuelle.

«La guerre en Irak nous a été vendue avec de fausses informations», résume-t-il. «La région est plus dangereuse aujourd’hui que lorsque nous y sommes entrés. Nous avons détruit un régime haï de nos ennemis directs, les jihadistes, et créé des milliers de nouvelles recrues pour eux. (…) Trop souvent nous intervenons en faveur de régimes détestés; puis c’est nous qui sommes détestés. Trop souvent nous avons supporté des gens qui se sont retournés contre nous, comme les Kosovars qui aident les terroristes islamistes, ou les jihadistes afghans et leur ami Osama ben Laden.»

Ron Paul, qui représente un district du Texas au Congrès, est l’une des rares personnalités qui a le courage – car aux États-Unis ça prend du courage, dans le reste du monde seulement de la lucidité – de faire remarquer que les nombreux «ennemis» ne détestent pas les Américains pour ce qu’ils «sont»: riches, démocrates, modernes, mais bien pour ce qu’ils «font»: exacerber les conflits dans le monde.

Le vieux sénateur John McCain est l’un des candidats républicains les plus «modérés»: sa religion, s’il en a une, est une affaire privée, ce qui lui vaut l’animosité des évangélistes qui votent pour Mike Huckabee; il souhaite intégrer les immigrants illégaux, contrairement aux Mitt Romney et Rudolph Giuliani qui les déporteraient et construiraient un mur à la frontière mexicaine; il coopère volontiers avec ses collègues démocrates au Congrès.

Malheureusement, McCain alimente la paranoïa sécuritaire en souhaitant une expansion de la «guerre au terrorisme» de Bush. Selon lui, «un plus grand engagement militaire est nécessaire pour garantir un succès à long terme en Irak»!

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Évidemment, si on tue tout le monde, on finira par avoir la paix…

Les candidats américains débattent aussi bien sûr de leurs systèmes de santé et d’éducation, de l’environnement et de l’énergie, de l’emploi et des taxes, plus rarement de la prolifération des armes à feu et de la peine de mort, encore d’avortement et parfois de mariage gai.

Mais les élections de novembre prochain devraient surtout permettre à une nouvelle génération de dirigeants (admirablement symbolisée par l’accession d’une femme ou d’un Noir à la présidence) de sortir la nation américaine non seulement du bourbier irakien improductif et ruineux, mais surtout d’un bourbier idéologico-religieux débilitant qui a disqualifié les États-Unis comme modèle pour le monde libre.

Les attentes sont nombreuses (et parfois irréalistes), mais un changement de cap à Washington susciterait une bonne volonté et un dynamisme contagieux. L’alternative est trop déprimante.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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