L’amélioration de l’éducation: une question d’ouverture au changement

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 16/12/2008 par Annik Chalifour

Plus de 100 conseillers pédagogiques des 12 conseils scolaires francophones de l’Ontario se sont rencontrés à Toronto les 10 et 11 décembre dans le cadre de la formation annuelle organisée par le Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques (CFORP). Les échanges ont porté sur le rôle déterminant des intervenants scolaires comme leaders de changement dans l’éducation.

Le rôle principal du conseiller pédagogique est d’appuyer l’enseignant dans sa tâche d’éducateur. Ceci peut s’effectuer, entre autres, par l’offre d’activités d’accompagnement, de suivi en fonction de besoins spécifiques des enseignants, ou de formation.

L’enseignant se trouve constamment confronté à devoir élaborer des stratégies créatives pour renforcer les aptitudes des élèves et gérer les réalités scolaires: intégrer les exigences changeantes des curriculums, accroître la motivation de l’élève, faire face à l’enfance en difficulté, responsabiliser les parents, optimiser la gestion de classe, etc.

Les Techniques d’Impact

Danie Beaulieu Ph.D., formatrice invitée par le CFORP prône l’arrimage de la psychologie et de la pédagogie par l’utilisation des Techniques d’Impact.

«L’approche d’Impact propose un contexte d’apprentissage qui engage les émotions pour stimuler la mémoire. Exemple: Qui ne se souvient-il pas où il était lors du 11 septembre 2001? Les émotions et la mémoire sont indéniablement reliées et influencent l’apprentissage», dit-elle.

Publicité

L’utilisation réussie des Techniques d’Impact en classe implique la participation de tous les élèves. Elles éveillent leurs émotions, les incitent à communiquer et vouloir apprendre davantage.

Pour illustrer ses propos, Mme Beaulieu explique un exercice qu’elle a créé: le bol à punch rempli d’eau.

«L’enseignant apporte en classe un bol à punch rempli d’eau et une éprouvette rempli d’un liquide jaune. Il demande aux élèves de deviner le contenu de l’éprouvette. Ils reniflent et devinent rapidement qu’il s’agit d’urine. Avec l’aide d’un compte-gouttes, l’enseignant dépose une goutte d’urine dans le bol d’eau, puis demande à quelques-uns parmi les élèves s’ils voudraient boire l’eau du bol. S’ensuit une série de réactions diverses dans la classe… Du dégoût à la surprise et commentaires de toutes sortes… Une occasion unique de discuter autour du rôle de chaque élève dans la classe. Comparer chaque élève à une goutte d’eau ayant l’opportunité d’avoir un impact positif ou négatif sur la classe… Développer chez les élèves leur conscience du monde et potentiel d’impact sur leur environnement.»

Un tel exercice amène les jeunes à développer leur jugement critique, prendre conscience d’eux-mêmes, de leurs relations avec les autres et leur manière de communiquer.

Pour une intervention d’Impact réussie, l’enseignant doit devenir plus concret, viser la mémoire implicite, tenir compte de l’apprentissage multisensoriel et de l’intelligence émotionnelle des élèves.

Publicité

La Thérapie d’Impact a été créée par le Dr Ed Jacobs, Ph.D, professeur à l’Université West Virginia. Mme Beaulieu est actuellement la seule formatrice au Canada à posséder les qualifications requises pour la transmettre aux enseignants. Ce qu’elle fait depuis 18 ans. Mme Beaulieu a fondé sa propre maison d’édition et de formation l’Académie Impact située dans la région de la ville de Québec.

La collaboration dans le milieu scolaire

Jim Howden, autre conférencier invité, est professeur aux Universités UQUAM et McGill à Montréal, et Ste Anne en Nouvelle-Écosse. Il est également formateur en formation continue depuis près de 20 ans, et co-auteur avec Marguerite Koplec de l’ouvrage intitulé Cultiver la collaboration, Édition Chenelière Éducation.

«L’objectif de l’atelier est d’aider les conseillers pédagogiques et responsables des Conseils scolaires à mieux cultiver une culture de collaboration dans leurs établissements. Ultérieurement, les enseignants pourront transmettre cette même culture en classe», dit M. Howden.

«Les établissements scolaires doivent apprendre à optimiser leurs structures de collaboration, s’ouvrir sur le monde et les différences, oser prendre des risques», ajoute-t-il.

M. Howden mentionne que les défis de la collaboration dans les communautés d’école sont reliés, entre autres, à la communication entre différentes générations représentées dans le milieu.

Publicité

Il cite en référence l’ouvrage When générations collide: Who They are. Why They Clash. How to solve the Generational Puzzle at work, par Lynne C. Lancaster et David Stillman. On constate que les observations menées dans un contexte de travail corporatif comme celui de cet ouvrage, sont transférables dans le milieu de l’éducation.

Voici les portraits succincts des quatre générations mentionnées dans When generations collide, illustrant différentes caractéristiques selon les époques auxquelles elles correspondent. «Ces différences créent un impact sur la collaboration entre intervenants dans les établissements scolaires», indique M. Howden.

Les traditionalistes nés entre 1900-1945 ont tendance à être plus collectifs, loyaux à un seul Conseil scolaire. Les baby-boomers (1946-1980) sont en général plus compétitifs, ont besoin de défis et recherchent différentes occasions de travail auprès de plusieurs Conseils scolaires. La génération X (1965-1980) ont besoin d’accompagnement et de formation, ils sont prêts à assumer plusieurs rôles dans le système scolaire. La génération Millénial (1981-1999) ont une autre vision du travail. Ils préfèrent mener des carrières parallèles. Exemple, conseiller pédagogique et formation aux adultes.

«Un contexte de travail où se croisent des personnes de diverses générations permet l’apprentissage de l’ouverture sur la différence et de profiter des atouts complémentaires des uns et des autres. Une ambiance de communication positive entre les enseignants sera remarquée par les élèves dans l’école et portera fruit dans les classes», dit M. Howden.

Les propos de M. Howden interpellent un changement dans le contexte de l’éducation par l’acceptation des différentes valeurs existant au sein des établissements scolaires.

Publicité

La formation du CFORP est une initiative du projet Fare (formation des enseignants) dont Mme Andrée Bélanger-Major est la coordonnatrice provinciale.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur