L’AFO aura 100 ans en 2010

Voyage dans le temps avec Paul-François Sylvestre

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Publié 21/12/2009 par Annik Chalifour

En janvier 2010, cela fera 100 ans que l’Association canadienne-francaise d’éducation de l’Ontario (ACFÉO) a vu le jour, dans le but de sauvegarder les intérêts des Franco-Ontariens. Pour souligner cet anniversaire, Paul-François Sylvestre présentait un survol historique de l’événement, dans le cadre d’une causerie organisée au Café littéraire du Salon du livre, vendredi 11 décembre. L’auteur a d’abord offert un bref retour sur le congrès de fondation de l’ACFÉO, puis un mot sur dix leaders, un pour chacune des décennies (1910-2010). Voici un résumé de son allocution.

L’ACFÉO, premier organisme de représentation franco-ontarien, est devenu au fil des ans l’Association canadienne-française de l’Ontario (1969), l’Association des communautés franco-ontariennes (2004) et maintenant l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (2006).

En janvier 1910, 1200 délégués représentant les 
210 000 francophones de l’Ontario se sont réunis pour une convention appelée le Congrès d’éducation des Canadiens-français d’Ontario, tenue au Monument national d’Ottawa.

A l’époque, la question des écoles bilingues demeure la préoccupation majeure des délégués du congrès. Le sénateur Napoléon-Antoine Belcourt, qui devient le premier président de l’Association, précise que «les Canadiens-français de l’Ontario veulent qu’on mette l’école en état d’assurer l’enseignement efficace dans les deux langues et dans les différents cours, tant pour l’éducation scolaire que pour l’entraînement pédagogique.»

Pourtant en juin 1912, le gouvernement ontarien, par le célèbre Règlement XVII, reconnaît seulement des écoles publiques et séparées; le français sert de langue d’instruction, mais jamais au-delà des deux premières années du cours élémentaire. L’ACFÉO résiste, mais ce n’est qu’en 1927 que le Règlement deviendra finalement inoffensif.

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Dix leaders

Philippe Landry, président de l’ACFÉO, oeuvre durant la période de lutte contre le Règlement XVII. Comprenant que l’argent est au coeur du conflit, il organise une collecte de fonds à travers les écoles québécoises qui s’appelle «Sous de l’école». Cette levée de fonds historique souligne la grande solidarité entre francophones.

Durant les années 20, Napoléon-Antoine Belcourt est le leader attitré des francophones de l’Ontario. Il se rapproche des anglo-protestants en participant à la création de la Unity League. Laquelle contribuera à un changement d’attitude des politiciens, qui provoquera l’abandon du Règlement XVII.

Au cours des années 30, Samuel Genest, président de la Commission des écoles séparées d’Ottawa, clame haut et fort que «langue et religion vont de pair.» Même si l’ACFÉO affirme lors de sa création, que «les questions religieuses ne font pas partie de ses desseins», le tandem langue et religion revient constamment dans les manchettes.

La lutte des Franco-Ontariens pour «la conservation de leur foi par la conservation de leur langue», se poursuit durant les années 40, sous le leader Ernest Désormeaux, qui accorde une très grande importance à l’éducation.

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Durant les années 50, le président de l’ACFÉO, Gaston Vincent, proclame que la langue française ne se limite pas à l’éducation, mais qu’elle embrasse tous les secteurs publics et privés de la société. Il est convaincu que la connaissance du français permet à plusieurs d’atteindre les plus hauts sommets professionnels.

Au début des années 60, sous la présidence de Roger N. Séguin, l’Association devient l’ACFO. Séguin entend alors s’intéresser à l’économie; il est le premier à aborder le pouvoir d’achat et le contrôle de l’épargne des Franco-Ontariens.

Jeannine Séguin, présidente de 1978 à 1980, souligne la lacune des services en français, aussi bien ceux qui ne sont pas offerts par Radio-Canada que ceux qui ne s’adressent qu’aux Québécois, même s’ils sont dispensés par le gouvernement fédéral.

Le plus poétique des tous les présidents de l’ACFÉO, selon Sylvestre, est André Cloutier (1974-1984). Pour ce professeur d’université, «il nous faut lire, voir, entendre, méditer les oeuvres de nos artistes en quête de notre âme franco-ontarienne.»

Pour représenter les années 90, Sylvestre a choisi Jean Tanguay, parce qu’il demeure l’un des rares présidents de l’ACFÉO à avoir dit aux Québécois, entre autres, que les minorités francophones ne sont pas des «dinosaures en voie de disparition» qu’on aime bien disséquer lors d’un colloque. Un leader au franc-parler qui fait appel au respect mutuel.

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Première présidente de l’Assemblée de la francophonie, Mariette Carrier-Fraser est une leader remarquable des années 2000-2010 parce qu’elle reconnaît la dimension culturelle plurielle de la communauté franco-ontarienne d’aujourd’hui. Elle soutient que les nouveaux arrivants enrichissent notre communauté, tout en nous mettant au défi «au niveau accueil, accompagnement et intégration.»

Publication sur le centième

Paul-François Sylvestre a publié un petit ouvrage intitulé Cent ans de leadership franco-ontarien qui «offre des points de repère qui ont marqué le paysage du principal porte-parole de la communauté d’expression française en Ontario.»

Le livre paraîtra aux Éditions David et sera lancé le 20 janvier 2010, soit exactement cent ans, jour pour jour, après la fondation du premier organisme de représentation franco-ontarienne. On peut le commander dès maintenant en remplissant un bon de commande.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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