En France, des institutions comme l’Académie française projettent une image élitiste, parfois austère, associée à l’usage de la langue française. À Toronto, un nouvel organisme porte un nom aux consonances similaires, mais toute ressemblance s’arrête là. L’Académie des mots n’a pas la prétention de vouloir accepter en son cercle fermé une poignée d’illustres écrivains. Elle voudrait au contraire populariser l’utilisation du français tout en soulignant, à sa façon, l’importance de bien maîtriser la langue.
«On commence à parler avec les mots, c’est la base de tout», s’exclame Mitsouko Maurasse, une francophone énergique de 34 ans, impliquée cœur et âme dans le projet.
«Parfois, je fais peur aux gens. J’ai beaucoup d’idées et de projets, remarque-t-elle sur le ton de la plaisanterie. Je pense néanmoins que l’Académie des mots propose un concept valide. Je veux que les jeunes sachent qu’il y a de belles activités en français qui sont aussi intéressantes que celles des anglophones», explique Mme Maurasse, enseignante auCollège Boréal.
En entrevue, elle se met à raconter une histoire, la sienne, qui pourrait très bien servir de thèse illustrant les effets de l’assimilation. Mme Maurasse a trois enfants, un bébé de 19 mois et deux jumeaux de huit ans.
Après son arrivée à Toronto, elle a placé ses enfants les plus âgés dans deux classes séparées. Sa petite fille a été inscrite à l’école française; son petit garçon a pris le chemin de l’école anglaise. Les résultats n’ont pas tardé à se faire sentir.