La torture, une pratique «régulière» dans le monde

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Publié 05/07/2011 par Darnace Torou

La torture se pratique régulièrement dans le monde. C’est le constat que fait l’organisation non gouvernementale (ONG) française Action des Chrétiens pour l’abolition de la Torture (ACAT) dans son dernier rapport 2010 intitulé Un monde tortionnaire. La communauté des organisations de lutte contre la torture commémorant ce 26 juin la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, il est sans doute opportun de revisiter ce document.

L’ONG, qui y dresse un tableau de la torture à travers 22 pays sur cinq continents, estime que «plus de la moitié des États membres de l’ONU recourent à la torture».

En Afrique, «les régimes dictatoriaux ou à tendance dictatoriale, tels que la Mauritanie, le Soudan, le Zimbabwe, l’Éthiopie, l’Érythrée, la Guinée équatoriale et la République démocratique du Congo (RDC), érigent la torture en véritable système d’enquête et de répression au service de l’appareil sécuritaire».

Les policiers et autres responsables de l’application des lois rendent rarement compte devant la justice des mauvais traitements et actes de torture dont ils ont pu être les initiateurs. Cette impunité chronique est également le fruit de l’absence de volonté politique réelle d’enquêter sur les allégations de torture et de traduire leurs auteurs présumés en justice.

En Amérique latine, la torture a été érigée en véritable politique d’État durant la Guerre froide sous les régimes militaires des années soixante à quatre-vingt-dix fondés sur la doctrine de la «sécurité nationale». Malgré les progrès de la démocratisation, le recours à des méthodes violentes demeure encore pourtant très répandu au sein des forces de l’ordre. C’est notamment le cas de l’Argentine, de la Colombie, du Salvador, du Pérou, du Paraguay, note le rapport.

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En Asie, les gouvernements ont multiplié les législations d’exception sous couvert de lutte contre le terrorisme, violant systématiquement les garanties légales contre la torture et favorisant les exactions commises dans le cadre d’opérations dites antiterroristes. C’est le cas aux Philippines, au Bangladesh, au Sri Lanka, au Pakistan ou en Thaïlande et en Chine, observe le rapport.

Un doigt accusateur est pointé vers les démocraties occidentales, notamment l’Espagne pour les mauvais traitements infligés par ses fonctionnaires de police sur des migrants et la répression des terroristes de l’ETA. La France est accusée de traitements inhumains et indignes, entres autres «les actes excessifs commis par les forces de l’ordre à l’encontre d’étrangers ou de Français issus de minorités ethniques ou l’usage abusif du Taser, ce pistolet à impulsion électrique».

Les pays du Moyen-Orient ont une posture répressive vis-à-vis de leurs opposants. Les lois sont instrumentalisées par les dirigeants dans leur lutte pour leur maintien au pouvoir et viennent ainsi renforcer, si besoin était, des appareils de sécurité dédiés au musellement de l’opposition. Les dirigeants de la région jouent sur la corde sensible de l’«ami occidental» en justifiant les atteintes aux droits de l’homme par les nécessités de la lutte contre le terrorisme.

Les États-Unis ne sont pas en reste. Selon le rapport, l’interdiction de l’usage de la torture déclarée par le président a des limites, celles posées par les directives faites aux agences gouvernementales de limiter leurs techniques d’interrogatoire à celles que l’on trouve dans le «manuel de terrain de l’armée». Le New York Times du 5 mai dernier montre notamment que l’information décisive qui a permis de remonter la piste de Ben Laden a été fournie par Khalid Cheikh Mohammed. Celui-ci a subi 183 fois la pratique du «waterboarding», une forme de simulacre de noyade. Comme quoi, sécurité et droits de la personne ne font pas toujours bon ménage.

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