La thérapie par le pain

L'église, soupe populaire et boulangerie du Père Roberto

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 28/10/2014 par Alix Forgeot

Au 155 rue Broadview, à la tête d’une petite église orthodoxe chrétienne, il y a le Père Roberto Ubertino. Italien d’origine et religieux depuis son enfance, le «Père Roberto» entend aider les gens à se réinsérer à travers l’apprentissage du métier de boulanger.

Arrivé en 1986 à Toronto, il a eu l’idée de monter une boulangerie (au numéro 153) pour aider les personnes dans le besoin. L’homme aux cheveux poivre et sel estime que «le travail est un besoin humain qui aide à la guérison de la personne.»

Il invite ainsi les gens en difficulté qui passent le seuil de son église et de sa soupe populaire (dîners et petits-déjeuners) à venir mettre la main à la pâte dans la boulangerie voisine. C’est une action à vocation «thérapeutique», selon lui. «Le pain est un symbole très profond dans la religion. Vous commencez avec l’eau, la farine et ça donne un produit bon, extraordinaire, symbole de la vie.»

Véritable entreprise

Outre la dimension humaine, cela donne l’opportunité aux novices en la matière d’acquérir de l’expérience professionnelle et de se reconstruire financièrement, grâce aux recettes générées par les ventes.

Durant l’année, l’équipe de la boulangerie St. John vend son pain aux particuliers, mais aussi à une quarantaine de magasins et de restaurants. Quand vient l’été, elle vend aussi sur les marchés.

Publicité

Pour autant, l’église ne fait pas de bénéfices. Non subventionné par le gouvernement, son argent est directement redistribué aux employés, utilisé pour payer le loyer et acheter les ingrédients nécessaires à la fabrication du pain qui sont «coûteux» parce que «biologiques».

Tradition française

Pas question de s’improviser boulanger et de copier la méthode du pain industriel pour le religieux en soutane.

Celui qui a vécu en Amérique, en Italie ou encore en Israël est retourné en France – où il avait passé trois ans de sa vie – près de Saint-Brieuc (Bretagne), accompagné d’employés de la boulangerie, pour obtenir le savoir-faire boulanger de la communauté du Pain de Vie (communauté religieuse de l’Église catholique romaine) et être formé aux anciennes techniques du pain.

Pain forestier, intégral, de campagne, blanc, aux noix et aux raisins, aux olives, pain aux pommes de terre ou aux oignons, la boulangerie fait aussi des baguettes et des pâtisseries.

Récemment, l’équipe de la boulangerie St. John s’est lancé un défi: faire en sorte que les gens achètent de la brioche. Mais même accompagnée d’un expresso ou d’un americano, «éduquer» la population au plaisir culinaire de la brioche ne semble pas être chose aisée.

Publicité

En effet, tout le monde n’a pas forcément connaissance de la brioche, selon le Père Roberto. «L’autre jour, je suis allé dans un restaurant qui s’appelle La brioche dorée. J’ai demandé à un serveur si le restaurant faisait de la brioche et il m’a répondu: ‘qu’est ce que c’est que ça?’», raconte-t-il en riant.

Mais l’homme au sourire chaleureux a bon espoir.

En attendant, il continue d’œuvrer pour les plus démunis et de les aider à se réinsérer dans la société. Chaque année ce sont 6 à 7 personnes (sur 20 employés à la boulangerie) qui réussissent à trouver un nouveau travail dans un champ de compétence proche de l’artisanat boulanger.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur