«Peu importe d’où l’on vient et où l’on va, nous sommes tous héritiers du monde du XIXe et XXe siècles et célébrer la St Jean doit donc se faire naturellement.» Par cette phrase, Marc-André Gagnon, historien et candidat au doctorat d’histoire à l’université de Guelph, insiste sur le devoir de préserver dans toutes les provinces du Canada, et y compris dans celles où la francophonie est éclipsée par l’anglophonie (comme l’Ontario), une fête religieuse, culturelle, sociale, politique et nationale vieille de près de 200 ans.
Une fête chargée d’histoire
Pour Marc-André Gagnon, il faut remonter au XIXe siècle et examiner les racines de cette célébration pour comprendre ce que représente réellement le 24 juin chez les Franco-canadiens.
Amenée au Canada par les colonisateurs français en 1646, la fête de la Saint-Jean reste une simple fête religieuse jusqu’au XIXe siècle. Le tournant survient, en 1834, avec la création de la Société St-Jean-Baptiste.
Cette association cherche immédiatement à regrouper la communauté francophone et à célébrer le culte de la nation.
Cependant, comme nous l’explique M. Gagnon, «suite à la mise en échec du projet politique des Patriotes qui avait plongé le pays dans une crise de 1834 à 1838, les élites canadiennes-françaises se tournèrent vers l’Église et vers ses sociétés patriotiques afin de lutter contre le projet d’assimilation des francophones».