Le président de la Banque du Canada, Mark Carney, a annoncé la fin de la récession, devançant de quelques semaines son homologue américain «Helicopter Ben» Bernanke (parce qu’il larguerait de l’argent sur la population à partir d’un hélicoptère s’il le fallait, a-t-il déjà dit), qui vient d’être reconduit dans ses fonctions de président de la Réserve fédérale, et qui a lui aussi crié victoire face à la crise financière qui a secoué les États-Unis et le monde en 2008-2009.
Cela rappelle la bannière proclamant «Mission accomplie» déployée derrière George W. Bush sur un porte-avion le 1er mai 2003, quelques semaines après l’invasion de l’Irak… Ici aussi, cette manchette sensationnelle s’appuie sur bien peu de chose – une croissance de 0.1% en juin au Canada mais surtout, aux États-Unis, le soulagement d’avoir évité une catastrophe comparable à celle de la Grande Dépression des années 1930.
Sauf que les emplois perdus cette année ne seront pas remplacés de sitôt, les entreprises et les ménages qui ont frôlé la faillite ayant découvert les vertus de la prudence et de la frugalité. Les déficits encourus par nos gouvernements se traduiront en taxes plus élevées… au plus mauvais moment, celui où la population active (celle qui sera appelée à payer ces taxes) diminue par rapport aux retraités. Les programmes artificiels de relance, comme une drogue, n’auront que des effets temporaires. Pour en être sevrée, l’économie devra en recevoir de plus petites doses.
Les problèmes de surendettement des banques et de sousperformance d’autres entreprises, à l’origine de la crise, ont été transférés aux gouvernements, principalement à celui des États-Unis. Ce n’est que justice, direz-vous, puisque c’est Washington qui avaient encouragé la spéculation fondée sur une croissance ininterrompue utopique, notamment dans l’immobilier. Ailleurs, on est surtout coupable d’avoir participé à la foire en achetant du «papier commercial» américain sans valeur.
Nos gouvernements sont déjà habitués de vivre au-dessus de leurs moyens, les États-Unis se payant des guerres inutiles et un appareil sécuritaire démesuré en plus des infrastructures et des services traditionnels.