Le manque flagrant de statistiques en Ontario sur les victimes francophones de crimes haineux, particulièrement les femmes, est dénoncé lors du deuxième Forum communautaire pour la lutte contre les crimes haineux tenu par CANORA, organisme offrant des services aux Canadiens et aux Canadiennes d’origine africaine, antillaise et asiatique, le 26 juillet dernier au YMCA de Toronto. Plusieurs organismes-clés se prononcent sur les causes, les facteurs et la prévention des crimes motivés par la haine.
«La société est gérée par les femmes. Mais la femme donne l’impression d’être victime». Un commentaire lancé par un membre de l’assemblée suite au discours de Malubngi Mueni, directrice générale du Réseau des Chercheures Africaines (RECAF) dans le cadre du Forum organisé par CANORA. La directrice de RECAF rétorque en précisant que «l’établissement de la parité commence par accorder un espace à la femme dans la société. L’éducation auprès des hommes est impérative. Il s’agit d’un projet de changement social où l’homme et la femme doivent ensemble partager la responsabilité de déconstruire les attitudes haineuses».
RECAF, créé en 2000, conseille et soutient la clientèle de CANORA. L’organisme effectue plusieurs projets de recherche axés sur la condition féminine, en plus d’organiser divers ateliers d’éducation dédiés aux groupes desservis par CANORA. RECAF a offert un atelier sur la pension alimentaire financé par Justice Canada en mars 2007, et une Foire à l’entrepreneuriat pour les femmes en avril 2008.
Tatjana Sekulic, directrice générale de OASIS, et MaWuena Gbesemete, responsable de l’intervention, citent plusieurs exemples d’actes de discrimination et d’harcèlement à l’égard des femmes issues de groupes minoritaires. Tatjana Sekulic mentionne entre autres «les femmes francophones africaines voilées, figurant parmi les différents groupes minoritaires à risque souvent perçus comme une menace pour l’environnement». Elle souligne que «dans la plupart des cas, les victimes deviennent immunisées à des comportements non acceptables, elles développent un degré de tolérance très grand». Elle ajoute «qu’il est très difficile de prouver un acte de discrimination motivé par la haine, parce que c’est la motivation (souvent subtile) qui crée le crime». Un autre obstacle majeur précise-t-elle, «est le manque important de ressources en français qui pénalisent les victimes».
La directrice d’OASIS conclut en insistant «sur l’importance de l’éducation à la diversité dans les écoles, la mise en œuvre de programmes de sensibilisation et de prévention aux crimes haineux à tous les paliers de la société». Elle mentionne certains progrès tels que «les efforts sur le plan légal pour faire reconnaître les femmes comme un groupe identifiable, les modifications au code criminel ordonnant des peines plus sévères aux personnes ou institutions trouvées coupables de crimes haineux, l’ajout des écoles, des garderies, et des établissements académiques punissables par la loi si reconnus coupables».