La Librairie Champlain ferme (1960-2009)

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Publié 24/03/2009 par François Bergeron

Fondée en 1960 par Charles et Berthe Arsenault, la Librairie Champlain de leurs fils Marcel et Paul mettra fin à ses opérations dès le 30 avril, suite à la perte de plusieurs acheteurs institutionnels.

C’est un Marcel Arsenault relativement serein qui a confirmé la nouvelle à L’Express la semaine dernière. «La décision est prise depuis un mois environ», dit-il. «Nous avons retourné la situation dans tous les sens, mais, rien n’y fait, le village de 50 000 francophones de Toronto ne peut pas à lui seul faire vivre une librairie comme Champlain.»

Selon M. Arsenault, les gros acheteurs comme les bibliothèques et les conseils scolaires passent désormais directement par les maisons d’édition, et ceux qui ont encore le choix exigent un escompte qui dévore tout le profit.

Sous Charles Arsenault (décédé), qui a aussi été conseiller scolaire catholique élu pendant plusieurs années, la Librairie Champlain a opéré d’un édifice de trois étages à l’angle de Church et Richmond avant de déménager au 468 rue Queen, à l’est de Parliament. De plus, la Librairie allait parfois à la rencontre d’autres communautés du centre-sud de la province avec de petits comptoirs.

Au fil des années, quelques autres chaînes (Garneau, rue Bay, Renaud-Bray, rue Yonge) ont brièvement tenté d’opérer une succursale dans la capitale ontarienne mais sans succès. La Librairie Champlain aura donc vécu 49 ans.

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Une succursale de la Maison de la presse internationale, dans le quartier Yorkville, offre des magazines et quelques livres en français. Quelques librairies Indigo ont aussi un petit rayon francophone, mais la disparition de Champlain laisse un vide énorme.

Pourrait-elle renaître ailleurs au centre-ville, au sein d’une éventuelle Maison de la francophonie? «Ça fait 20 ans qu’on en parle…», remarque Marcel Arsenault, sceptique.

Coïncidence, ce même samedi matin, l’ACFO-Toronto organisait un forum de discussion à quelques rues de là, dans la salle paroissiale du Sacré-Coeur, sur son projet de Village francophone et sur celui, impliquant le Centre francophone, le Théâtre français et d’autres, d’une Maison de la francophonie.

Champlain occupait toujours l’un des espaces les plus importants au Salon du livre de Toronto, avec lequel il aurait pu être en compétition mais où, finalement, il réalisait un bon chiffre d’affaires, selon M. Arsenault, qui reste d’ailleurs membre du conseil d’administration du Salon.

Valéry Vlad, le président du Salon, se dit «triste et choqué qu’une ville comme Toronto ne puisse pas se permettre d’avoir une librairie francophone». Il dit aussi avoir «peur des conséquences pour l’avenir: les parents et les jeunes doivent pouvoir toucher les livres. Ce n’est pas vrai que l’Internet va remplacer ça.»

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Le Salon du livre de Toronto est un événement ponctuel (annuel), «Champlain c’était une source qui coulait tous les jours», commente M. Vlad.

La Librairie a déjà employé une quinzaine de personnes mais ce nombre était tombé à une demi-douzaine depuis quelques temps.

Marcel Arsenault ne sait pas encore ce qu’il fera après le 30 avril, remarquant en riant que le poste de directeur général du Salon du livre de Toronto est ouvert depuis peu…

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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