Des millions de Français ont marché le 11 janvier en solidarité avec Charlie Hebdo et pour la «liberté d’expression». Depuis, les autorités françaises ont procédé à des dizaines d’arrestations et de condamnations pour «apologie du terrorisme», «antisémitisme», «négationnisme» de vérités officielles et autres délits d’opinion.
Pas pour «islamophobie», à ce que je sache, bien qu’il y en a eu dans le passé. Et, qui sait?, si Michel Houellebecq n’avait pas compté un ami parmi les victimes du 7 janvier, son roman Soumission, sur l’islamisation de la France, paru le jour même, aurait peut-être été interdit.
L’intervention la plus médiatisée est celle qui a ciblé l’humoriste Dieudonné – à la demande expresse du ministre de l’Intérieur – pour avoir osé mentionner sur les réseaux sociaux qu’il se sentait «Charlie Coulibaly»… Odieux et immoral, certes, mais pourquoi illégal?
«Ce n’est pas la même chose», tente-t-on d’expliquer: Dieudonné inciterait à la haine des juifs alors que Charlie Hebdo inviterait les musulmans à adhérer aux «valeurs républicaines» (ce que le reste du monde occidental appelle la liberté et la démocratie, mais qui, pour les Français maîtres du discours nuancé, se situeraient entre les deux et justifieraient beaucoup d’exceptions).
Les artisans de Charlie Hebdo eux-mêmes se sont déjà défendus de comparaisons avec les feuilles antisémites des années 1930 et avec des publications modernes de la même farine. De plus, soulignent invariablement les apologistes de la satire bête et méchante d’extrême-gauche, Charlie Hebdo s’attaque à toutes les religions et à tous les politiciens, alors que la satire bête et méchante d’extrême-droite serait plus sélective…