La France et l’Allemagne sont les seuls pays à avoir présenté des excuses nationales aux personnes victimes de la Shoah. Comment la France, «pays des Droits de l’Homme», «pays des Lumières», mais qui a participé à l’un des épisodes les moins glorieux de l’histoire, doit-elle regarder cette période, l’étudier, pour avancer dans sa propre histoire? Deux chercheurs ont présenté leur point de vue et les dernières recherches dans le domaine à l’Alliance française de Toronto, la semaine dernière, dans une salle pleine à craquer.
Dans le cadre de la Semaine d’éducation sur l’Holocauste, qui coïncide chez nous avec celle du Souvenir, l’événement était organisé par la Fondation Azrieli, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah à Paris. Il réunissait Michael Marrus, professeur émérite de l’Université de Toronto, et Tal Bruttman, historien de renom du Mémorial de la Shoah à Paris pour aborder le délicat sujet du passé vichyste français et de son poids dans la mémoire collective.
Michael Marrus a précisé parler de la persécution des juifs par le gouvernement français avant la défaite et l’occupation, un programme soutenu à l’époque par l’opinion publique française.
«La France est passée par plusieurs étapes pour franchir le cap de son passé vichyste. Il y a eu les grands procès, comme celui de Klaus Barbie, mais le moment-clé a été le discours de Jacques Chirac en 1995 qui reconnaissait la responsabilité du gouvernement français de l’époque.»
Mieux vaut tard…
«Ces questions de responsabilité auraient dû avoir lieu dans les années 50, mais ce qui a été fait dans les années 90 est pas mal», selon le spécialiste, auteur d’un des premiers ouvrages sur la question, en 1981, en collaboration avec le précurseur de la recherche dans le domaine, Robert Paxton.