La France déchirée sur le mariage pour tous

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Publié 11/12/2012 par Guillaume Garcia

Depuis plusieurs semaines, le pays des Droits de l’homme se trouve sous la loupe des médias du monde entier. La raison? À la télévision, dans les journaux, sur les médias sociaux et à l’Assemblée nationale, les partisans et les opposants au mariage pour tous débattent de la question de l’homoparentalité et des droits parentaux. Jadis pionnière des droits sociaux et légaux, la France voit revenir les fantômes réactionnaires sur la question du mariage gai. Toutefois, le projet de loi déposé par le Parti socialiste devrait passer sans encombre début 2013.

La responsable du projet de loi sur le mariage pour tous n’est autre que la députée des Français de l’étranger de la circonscription 1 (États-Unis, Canada), Corinne Narassiguin, qu’on connaît bien à Toronto.

«L’engagement de François Hollande pendant la campagne correspond à l’engagement que l’on a maintenant», rappelle la députée. Tout simplement, la loi «reconnaît la nécessité pour les homosexuels d’avoir l’égalité d’accès au mariage et aux droits parentaux.»

Un travail de consultation

Si les associations LGBT applaudissent effectivement une avancée, certaines demandent au gouvernement d’aller plus loin, par exemple sur la question des couples déjà formés qui ne veulent pas se marier. Le gouvernement laisse donc de la place pour l’apport de certains amendements. «On a fait un projet de loi a minima», avance Corinne Narassiguin.

En ce moment, le rapporteur de la commission des lois, député du Parti socialiste Erwann Binet, organise les auditions des différents points de vue sur la question avant que le débat n’entre dans l’hémicycle fin janvier.

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«80 personnes seront auditées jusqu’au 20 décembre, de tous types de compétences. Ce sont des auditions assez complètes», précise Corinne Narassiguin, même si certains députés, dont Philippe Gosselin, député UMP de la Manche, critiquent, la partialité dans le choix des personnes auditées.

«Tous les députés peuvent assister aux auditions», rappelle la responsable du projet de loi, et «tout est disponible sur le site de l’Assemblée nationale».

Le retour du conservatisme

Alors que la France avait été pionnière avec le PACS (pacte civil de solidarité), qui permettait aux couples hétérosexuels et homosexuels d’officialiser leur union sans être mariés, elle s’emmêle les pinceaux sur le la question du mariage homosexuel.

Pour le moment, le débat fait rage, mené, du côté du non, par les autorités religieuses et les partis de droite, dont l’UMP (les UMP en ce moment d’ailleurs…). À la mi-novembre, des milliers de manifestants anti-mariage gai (près de 100 000) ont battu le pavé dans les grandes villes françaises, pour tous en brandissant le Code civil français et des pancartes «un papa, une maman, on ne ment pas aux enfants». Les manifestants refusent, entre autres, que le Code civil soit changé par la loi sur le mariage pour tous.

Plusieurs ont fait courir la rumeur que les mots «pères et mères» seraient retirés du code civil, ce que tient à réfuter Corinne Narassiguin, qui en profite pour critiquer la désinformation massive que pratiquent les opposants au projet de loi.

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«On est un peu surpris de la violence de la réaction. On s’attendait à une opposition, mais pas de cette violence. On pensait qu’avec le PACS, il y a 14 ans, les Français avaient compris que les couples homosexuels étaient des couples comme les autres», explique la députée de la 1ère circonscription des Français de l’étranger.

«C’est désolant, il a des questionnements qui sont normaux. Poser la question des droits parentaux ce n’est pas surprenant. Il y a des gens qui n’avaient pas réalisé que des couples homosexuels formaient des familles.»

Désinformation

La réaction des opposants est d’autant plus émotionnelle que rationnelle que les opposants au projet de loi savent très bien qu’il passera lors du vote, le PS ayant la majorité absolue des voix à l’Assemblée nationale. La rue est en quelque sorte leur seule tribune.

Alors que la France fait figure de chef de file, pas toujours justifiée d’ailleurs, en matière de laïcité, la religion a refait surface dans le débat public sur la question du mariage gai, apportant de la confusion entre mariage civil et mariage à l’église.

«Il y a une différence entre dire ses convictions et essayer d’influencer le débat», regrette Corinne Narassiguin. Des associations catholiques intégristes comme Civitas, sont à l’origine de plusieurs des manifestations contre le mariage pour tous.

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Comme l’ont rappelé avec humour certains pro-mariage pour tous: la Sainte Famille n’était, elle-même pas très traditionnelle, avec un enfant né du Saint-Esprit et d’une vierge, et élevé par son père adoptif.

De grandes manifestations pro-mariage pour tous devraient avoir lieu la fin de semaine prochaine en France, pour montrer qu’il n’y a pas que des opposants au projet de loi.

Le Parti socialiste a également appelé «à participer massivement» en faveur du mariage pour tous. Les opposants appellent eux aussi à manifester contre.

Manifestation dimanche

Ce dimanche, des dizaines de milliers de personnes ont marché dans les rues de Paris afin d’appuyer le projet du gouvernement socialiste de légaliser le mariage entre personnes de même sexe et l’adoption par des parents homosexuels.

Le président François Hollande avait promis de mettre une vigueur «le mariage pour tous» d’ici un an lorsqu’il a été élu en mai. Le texte de loi devrait être déposé le mois prochain.

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Le projet divise le pays, les leaders religieux, de nombreux politiciens de droite et certaines régions rurales s’y opposant.

Selon les estimations, la manifestation, qui s’est déroulée de façon pacifique, a réuni entre 60 000 et 150 000 personnes. On pouvait lire diverses pancartes comme «un mariage gay est mieux qu’un mariage triste», «Célibataire, libre en solidarité». Les mots «égalité» et «choix» revenaient souvent.

(avec The Associated Press)

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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