Ça devait s’appeler Force Québec et constituer un nouveau parti de centre-droite. Mais peut-être parce que ça évoquerait le parti de Silvio Berlusconi, Forza Italia, ou que ses membres auraient pu être appelés les foquistes, ça s’appelle désormais la Coalition pour l’avenir du Québec, mais tout le monde appelle ça «le parti de François Legault»… Et ce n’est plus vraiment un mouvement réformateur inspiré du Manifeste pour un Québec lucide de Lucien Bouchard, mais bien une formation prônant une «gauche efficace» à la Jean-François Lisée et mettant en veilleuse le projet souverainiste.
Bienvenue dans le monde merveilleux des intrigues politiques québécoises.
Le premier ministre libéral Jean Charest n’a jamais été aussi impopulaire, mais la chef du Parti québécois Pauline Marois suscite peu d’enthousiasme. Quand on a entendu dire que les ex-ministres péquistes François Legault et Joseph Facal réfléchissaient à la création d’un nouveau parti, un sondage surréaliste a tout de suite propulsé ce mouvement invisible au sommet des intentions de vote des Québécois.
Un autre sondage bidon a sacré Amir Khadir, l’unique élu du parti communiste Québec solidaire, «le politicien le plus populaire au Québec», mais c’était avant qu’on le surprenne en train de manifester contre un honnête commerçant de son comté parce qu’il vend quelques chaussures fabriquées en Israël.
Sous Gérard Deltell, l’Action démocratique du Québec (droite rurale nationaliste mais pas nécessairement souverainiste) se relève lentement du départ de son fondateur Mario Dumont (passé à la télé) et d’un congrès à la chefferie catastrophique. Mais quand on fait l’exercice d’essayer de deviner le programme qui pourrait être développé à partir de la plaquette présentée le 21 février par la Coalition pour l’avenir du Québec, l’ADQ paraît franchement audacieuse et visionnaire.