Les universités, qui devraient être les derniers refuges de la liberté d’expression, en sont parfois les premiers fossoyeurs.
L’université Queen’s à Kingston fait les manchettes depuis l’annonce, le 10 novembre, de l’embauche de six étudiants « facilitateurs » chargés d’intervenir dans les conversations de couloirs pour y dénoncer toute forme de racisme ou de sexisme. Chacun de ces étudiants à temps partiel habitera gratuitement dans l’une des six résidences du campus. Ils recevront une formation en « identité sociale », « justice sociale », « communication interculturelle », etc.
L’université Queen’s, où certains étudiants jouissent d’une réputation de fêtards bruyants et grossiers, a déjà été le théâtre de quelques incidents qu’on croyait appartenir à un autre âge mais qui ne justifient pas un tel programme d’espionnage et de censure digne du KGB ou des Talibans.
Pendant ce temps, le conseil étudiant de l’Université Carleton à Ottawa est revenu en catastrophe la semaine dernière sur sa récente décision – ridiculisée dans tous les médias – de ne plus appuyer un événement au profit de la lutte contre la fibrose kystique parce que cette terrible maladie ne serait pas assez « inclusive », ne frappant que les hommes blancs… ce qui est faux. Mais même si c’était vrai, devrait-on bouder les campagne contre le cancer du sein qui affecte surtout les femmes, ou contre le cancer de la prostate? Que penser du diabète ou des maladies mentales? L’ostéoporose est-elle suffisamment « inclusive »?
Le vote à Carleton n’est pas une affaire de liberté d’expression comme l’initiative de Queen’s, mais il procède du même réflexe de censure de l’action d’individus censés compter parmi les plus intelligents et industrieux. Si une catégorie de jeunes adultes devait jouir d’une plus grande latitude que les autres, ne serait-ce pas celle des universitaires?