Kathleen Wynne majoritaire

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Publié 13/06/2014 par François Bergeron

La première ministre libérale Kathleen Wynne a été la seule, jeudi soir, à prononcer quelques phrases en français suite à la réélection de son gouvernement avec, cette fois, une majorité de sièges à l’Assemblée législative de l’Ontario.

Les deux leaders de l’opposition, Tim Hudak, qui quittera la tête du Parti progressiste-conservateur après cette cuisante défaite, et Andrea Horwath, qui semble vouloir rester, mais qui fera face à des critiques acerbes, n’ont pas dit seulement bonsoir ni merci en français. En aurait-il été autrement s’ils avaient gagné?

Lors du débat des chefs, Mme Wynne avait aussi été la seule à dire quelques mots en français, accentuant ainsi son message inclusif.

La ministre des Affaires francophones Madeleine Meilleur a été réélue dans sa circonscription d’Ottawa-Vanier, de même que dans Glengarry-Prescott-Russell le libéral francophile Grant Crack contre la conservatrice Roxane Villeneuve-Robertson. Chez les néo-démocrates du nord de la province, Gilles Bisson et France Gélinas ont été réélus facilement.

À la surprise générale, les libéraux ont décroché une majorité de 58 sièges avec 38% des suffrages, un gain de 9 sièges aux dépens des conservateurs qui n’ont fait élire que 28 députés avec 31% du vote. Le NPD a obtenu 21 sièges, le même nombre que la dernière fois avec 24% du vote, un peu mieux qu’en 2011.

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Autre surprise, la participation aurait été plus élevée qu’aux deux derniers scrutins, dépassant 52% et renversant une tendance à la baisse que d’aucuns croyaient inexorable.

La province est encore plus divisée entre campagnes conservatrices et villes libérales, avec quelques exceptions néo-démocrates ici et là. À Toronto, les libéraux ont conquis les bastions néo-démocrates de Trinity-Spadina et des Beaches, et ils ont repris Etobicoke-Lakeshore aux conservateurs. Les libéraux contrôlent la quasi-totalité du Toronto métropolitain, ainsi qu’Ottawa.

C’est une victoire personnelle et historique pour Kathleen Wynne, la première femme et la première homosexuelle à être élue première ministre de la plus grosse province canadienne, que les Ontariens, apparemment, n’ont pas tenue responsable des scandales de gaspillage de l’administration dont elle avait hérité.

Inversement, Tim Hudak, qui avait pourtant démarré sa campagne en lion et «gagné» le débat des chefs, n’a finalement convaincu que les conservateurs les plus militants qu’il pourrait stimuler les investissements privés créateurs d’emplois en s’attaquant de front à l’endettement de la province, et qu’il allait sabrer dans la bureaucratie tout en préservant les services publics essentiels.

Entre cette quadrature du cercle laissant présager d’épiques conflits sociaux, et les promesses libérales de lendemains qui chantent et de prospérité mieux partagée, les Ontariens ont choisi la paix, même s’ils ne se font guère d’illusions sur l’ampleur des défis auxquels est confrontée la province.

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Au moins le gouvernement libéral aura les coudées franches pour gouverner. Même le gouvernement fédéral devra s’y ajuster, notamment quand il faudra rediscuter de programmes de formation et de régimes de retraite.

Seule consolation pour Stephen Harper: la réélection des «rouges» à Queen’s Park invite à la réélection des «bleus» à Ottawa, pour conserver l’équilibre. Sauf que pour réaliser cet exploit en Ontario, les libéraux ont changé de chef.

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Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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