Les Conservateurs méritaient ce qu’ils ont obtenu le 14 octobre: un gouvernement minoritaire à qui l’opposition libérale, bloquiste et néo-démocrate interdira de nommer un juge unilingue à la Cour suprême, d’imposer à des jeunes des peines de prison conçues pour des criminels endurcis, de sabrer dans la promotion de la culture ou de participer à une nouvelle aventure militaire contre l’Iran ou le Pakistan.
La prochaine fois (2010? 2011?), Stephen Harper devra convaincre un plus grand nombre d’électeurs de l’Est du pays et des grandes villes qu’il a réellement évolué sur ces enjeux et sur d’autres aspects de son leadership qui suscitent encore des interrogations. Ce faisant, il aidera peut-être aussi ses électeurs de l’Ouest et de la campagne à évoluer avec lui, ce qui serait encore plus rassurant. Qu’y a-t-il dans l’eau des bastions conservateurs pour que la loi et l’ordre soit un thème si dominant?
Cela dit, c’est évidemment sa performance dans la tourmente économique qui secouera le pays au cours des prochains mois qui déterminera son avenir politique, comme l’avenir de plusieurs autres de nos dirigeants fédéraux et provinciaux.
La prochaine fois, Stephen Harper devra aussi mener une campagne plus positive (centrée sur son programme plutôt que sur les tics de ses adversaires) et plus ouverte (aux journalistes qui font leur travail et aux électeurs qui ont le droit de connaître ses candidats). L’époque où un chef politique pouvait demander un chèque en blanc est révolue: on veut savoir ce qu’il fera ou ce qu’il ne fera pas, où il est inflexible et où il admet le compromis, si tous ses candidats rament dans la même direction ou si on peut s’accommoder de personnalités plus originales dans son entourage.
J’avoue avoir sous-estimé l’impact politique au Québec des coupures dans certains programmes de soutien aux artistes. Mais c’est surtout le silence des Conservateurs dans ce dossier, interrompu seulement pour attaquer les participants aux « galas subventionnés », qui a fait mal. Et qui pouvait imaginer que le Bloc québécois souverainiste deviendrait le plus grand défenseur de l’intervention fédérale dans la culture?