Isabelle Routhier, Encorps et à cris

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Publié 20/05/2008 par Guillaume Garcia

Isabelle Routhier ne peint pas pour le plaisir mais pour aller mieux. Pour elle, peindre est un exutoire. Pour sa première exposition, à la Galerie Céline Allard du Centre francophone de Toronto (Spadina et Queen’s Quay), la réalisatrice de Y’a pas deux matins pareils, l’émission du matin à CJBC, se livre entièrement au public à travers des toiles, retraçant deux années chaotiques de sa vie amoureuse. Quand le corps et ses désirs priment sur la raison, l’être humain ne peut expliquer ses actes. La peinture prend donc la place de la parole pour exprimer ce que ressent Isabelle.

Deux ans d’une histoire d’amour résumés en une vingtaine de toiles. Cela peut paraître simpliste, mais ça ne l’est pas. Tout ce qu’une femme peut penser, ressentir et regretter se trouve dans les peintures d’Isabelle Routhier.

Énergique et impatiente dans la vie, Isabelle peint l’instantané, ne peut faire patienter son imagination: «il faut que mes pinceaux, mes toiles soient prêts, quand j’ai besoin de peindre, je ne peux pas attendre, sinon après je ne peux plus rien faire, c’est pour ça que je peins à l’acrylique, ça sèche très vite».

Le caractère d’Isabelle se retrouve dans ses toiles. De grandes courbes, des couleurs vives et des entrelacs mettent en lumière le tourbillon de la vie de ce petit bout de femme pressée. Parfois suggestion, parfois crues, ses toiles suivent le fil d’une relation amoureuse douloureuse.

Tout est parti d’un premier tableau, une femme sans tête, une femme qui ne réfléchit pas, une femme qui laisse son corps décider pour elle. L’exposition se poursuit et toutes les étapes d’une relation y sont condensées et merveilleusement exprimées. De la femme qui veut protéger son homme, à celle qui ne veut pas être prise pour une femme d’un soir en passant par la femme qui se fait «avaler» par l’autre, Isabelle Routhier nous révèle tout ce qu’elle a pu ressentir.

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Axés sur la sexualité et l’amour, les tableaux sont appuyés par des titres éloquents comme Après l’orage, Avale moi ou encore Vagin en feu. L’artiste explique sa démarche: «Je trouve les titres après avoir peint, je cherche à comprendre ce que j’ai voulu exprimer dans la toile et j’écris le titre».

Après avoir parcouru la totalité des tableaux, on parvient au renouvellement des cycles, une histoire se termine, une autre recommence. Les dernières toiles montrent le jeu de séduction qui s’instaure avec une autre personne et le début d’une relation amoureuse. Si cela peut sembler banal, Isabelle Routhier a le mérite de le peindre et par là donne un reflet honnête de ce qu’elle vit.

Journaliste de son état, Isabelle Routhier est plus habituée à poser les questions qu’à y répondre. De ce constat est née l’idée de l’auto-entrevue. L’entrevue qui suit est donc faite de questions qu’Isabelle la journaliste pose à Isabelle l’artiste.

Pourquoi avoir pris autant de temps à faire ta première exposition?

Je trouvais qu’il y avait une forme d’arrogance à vouloir m’exposer. Je suis une éternelle insatisfaite et je me demandais pourquoi les gens auraient envie de voir ça, et s’ils allaient réagir à mes tableaux.

Je donne la majorité de mes tableaux, j’ai dû offrir plus de 300 toiles à des amis, je peins pour moi, je ne prends jamais en photo mes toiles. Je les crée et ensuite je ne veux plus les voir. Là j’avais trop de peintures sur les murs de chez moi, c’est comme se voir dans un miroir tout le temps.

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Quelle est la genèse de cette exposition?

L’exposition montre que le corps prime par-dessus tout. Le corps agit et ensuite on pense et on peut avoir des remords. C’est un cycle sans fin, il n’y a pas de début. L’expo s’arrête sur le début d’un autre cycle, l’histoire recommence toujours.

On fait des choix qui à un moment donné nous semblent être les bons mais on ne peut jamais savoir les conséquences qui sont engendrées et cela peut amener des regrets.

Dans tous les cas, il faut rester intègre, il n’y a rien de plus important que l’honnêteté. Cette exposition révèle beaucoup sur moi, elle est sincère et vraie.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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