Infections mortelles: nos hôpitaux sous surveillance

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Publié 04/11/2008 par Guillaume Garcia

Suite aux constats sur les infections nosocomiales, infections contractées lors d’un séjour en hôpital, le gouvernement de l’Ontario a pris des engagements formels qui obligent désormais les établissements à déclarer publiquement leurs taux d’infection. Où en sont les hôpitaux de l’Ontario quant à la prévention des risques? Le rapport de l’Institut Canadien d’information sur la santé (ICIS) rendu public jeudi 30 octobre apporte des réponses, les contrôles se sont multipliés mais des améliorations restent nécessaires.

L’hygiène des mains constitue un élément indispensable de la non-transmission des infections dans le cadre hospitalier mais elle reste difficile à surveiller. Dans son dernier rapport, l’ICIS insiste sur ce point et note que si «99 % des 103 hôpitaux de l’Ontario ont déclaré avoir une politique officielle sur l’hygiène des mains», simplement «un peu plus d’un tiers d’entre eux (38 %) ont dit avoir mis en place un processus de vérification pour s’assurer que les procédures de lavage des mains sont respectées.»

Si la quasi-majorité des établissements prend très au sérieux l’hygiène des mains, il semble qu’il reste encore des efforts à faire pour la surveiller. L’hygiène des mains est mondialement reconnue comme étant la meilleure prévention contre la propagation des infections.

Les dernières campagnes sur la sécurité des patients étaient axées sur la prévention et la lutte contre les maladies nosocomiales. On peut voir dans les derniers constats de l’ICIS le résultat de ces campagnes. Les hôpitaux sont de plus en plus nombreux à lancer le processus de mise en place de surveillance du bon respect des mesures d’hygiène pour les mains. Le docteur Michael Gardam, directeur médical au University Health Network à Toronto se réjouit de voir comment «les résultats du sondage offrent une occasion unique de voir dans quelle mesure ces campagnes contribuent à changer la culture dans les hôpitaux de l’Ontario et à créer un milieu plus sécuritaire pour les patients.»

Le recours aux experts

Pour obtenir un bon programme de surveillance et de contrôle des infections, l’ICIS explique que près de 80 % des établissements hospitaliers font appel à des experts, le plus souvent des spécialistes de la prévention des infections.

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Le rapport précise: «La présence d’experts en matière de contrôle des infections variait selon le type d’hôpital: 100 % des hôpitaux d’enseignement ont déclaré que leur programme comprenait un médecin ou un titulaire d’un doctorat ayant reçu une formation en contrôle des infections, comparativement à 56 % des hôpitaux communautaires et 26 % des petits hôpitaux.»

L’avis de ces experts quant au choix de préventions des maladies nosocomiales s’avère très important. En effet, on ne pense pas toujours à surveiller au bon endroit, en témoigne cette découverte faite par des chercheurs de Cleveland, Ohio: «Les rideaux de cloisonnement suspendus entre les lits des patients hospitalisés pour préserver leur intimité peuvent devenir contaminés par des bactéries résistantes aux médicaments, et pourraient contribuer à la propagation de ces germes dans les hôpitaux, indique une étude américaine qui a démontré qu’on peut retrouver la bactérie Clostridium difficile, le staphylocoque doré résistant à la méthycilline et l’entérocoque résistant à la vancomycine sur les rideaux de séparation.»

Pire, ils ont constaté que les microbes peuvent migrer sur les mains des personnes qui manipulent les rideaux contaminés, ce qui laisse croire que les employés d’hôpitaux qui tirent les rideaux puis touchent les patients pourraient propager des bactéries.

Selon une responsable de la lutte aux infections d’un hôpital de Toronto, «les rideaux sont plus coûteux et plus difficiles à nettoyer que les autres tissus employés dans les hôpitaux».

Une meilleure transparence

Les hôpitaux déclarent signaler en interne et au public l’incidence des bactéries responsables des infections, comme l’explique Indra Pulcins, directrice des rapports sur la santé et analyse de l’ICIS: «De meilleurs renseignements sur les pratiques et politiques de contrôle des infections ainsi que des données sur l’incidence des infections nosocomiales contribueront à éclairer l’élaboration de nouvelles procédures.»

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Ils en sont de toute manière désormais obligés par la récente loi comme le précise le rapport de l’ICIS: «Une nouvelle loi sur la déclaration obligatoire adoptée par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario stipule que depuis le 26 septembre 2008, la déclaration publique de tous les cas de Clostridium difficile est obligatoire dans tous les établissements de soins de santé de l’Ontario. La déclaration publique des cas d’entérocoque résistant à la vancomycine et de staphylocoque doré résistant à la méthycilline sera obligatoire à partir du 30 décembre 2008.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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