Inciter les PME à embaucher des nouveaux arrivants

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Publié 13/04/2010 par Annik Chalifour

Le Réseau de développement économique et d’employabilité de l’Ontario (RDÉE Ontario) a lancé, jeudi 8 avril, une vaste opération provinciale de sensibilisation et d’intégration économique intitulée La bonne affaire, visant à aider les nouveaux arrivants francophones à se trouver un emploi ou se lancer en affaires, ainsi qu’à permettre aux PME de dépister de nouveaux talents parmi les nouveaux immigrants. Cette initiative est rendue possible grâce au financement de Citoyenneté Immigration Canada (CIC).

Plus d’une centaine de dirigeants d’entreprises, de représentants gouvernementaux, d’acteurs en immigration francophone et de leaders communautaires issus de diverses communautés culturelles du Grand Toronto ont assisté au lancement jeudi dernier.

Parmi les personnes réunies, on remarquait François Boileau, commissaire aux services en français, Jérôme Cauchard, consul général de France, une représentante de Jean Augustine, commissaire à l’équité de l’Ontario, Gisèle Pham et Jean-Yves Lalonde, membres du C.A du RDÉE Ontario, Brigitte Chatué, vice-présidente de l’AFO pour n’en mentionner que quelques-unes.

Selon la RDÉE Ontario, l’impact des nouveaux arrivants en Ontario français est incontournable. «Notre opération vise à favoriser un nouvel essor économique dans la province, en mettant à profit le capital humain nouvellement arrivé et présentement sous-utilisé», explique Nicole Sauvé, directrice générale du RDÉE Ontario.

«La bonne affaire permettra de tenir compte de la nouvelle démographie et de faire grandir la francophonie en Ontario», d’ajouter Mariette Carrier-Fraser, maîtresse de cérémonie de l’événement.

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«Les employeurs éprouvent de plus en plus de difficultés à recruter et retenir du personnel nécessaire à la croissance de leurs entreprises, tandis que les nouveaux arrivants, peu importe leurs qualifications, ont beaucoup de mal à décrocher un emploi lié à leur expertise».

«La bonne affaire tend à offrir des solutions vis-à-vis du développement durable de notre économie en province», affirme Mme Sauvé.

CIC a accordé la somme de 749,158 $ au RDÉE Ontario pour la première phase de La bonne affaire, qui a démarré le 1er février 2010 pour se poursuivre jusqu’en avril 2011.

Démographie vs équité

Selon les statistiques de l’Office des affaires francophones (OAF), l’immigration récente est particulièrement élevée chez les immigrants francophones des régions de Toronto et du Centre de l’Ontario. Un francophone sur cinq dans le Centre fait partie de cette immigration récente soit presque un sur trois à Toronto: 41,5% proviennent d’Afrique, 23,2% d’Asie et 3,3% de l’Europe.

Vu ce contexte, il sera intéressant de suivre l’évolution de La bonne affaire: à savoir comment l’équité en matière d’aide à l’emploi aux nouveaux arrivants francophones sera-t-elle appliquée? Qui seront les groupes prioritaires ciblés par l’opération dans le Centre Sud-Ouest? Quels seront les profils professionnels privilégiés?

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«Dans ce sens, la première étape de La bonne affaire consiste à développer le plan d’action, les stratégies et les partenariats sur le terrain», précise Karine Morin, gestionnaire de l’opération.

Éligibilité à La bonne affaire

«Nous visons dans un premier temps à aider les nouveaux arrivants éligibles à l’emploi, c’est-à-dire ceux qui détiennent la citoyenneté canadienne, la résidence permanente et le statut de réfugié selon la Convention», introduit Mme Morin.

À ce stade-ci, l’opération La bonne affaire ne s’applique pas aux nouveaux arrivants en attente de leur statut. Sauf, peut-être, à certains ressortissants d’Haïti pour lesquels CIC, suite au séisme du 12 janvier dernier, a adopté des mesures spéciales.

Par exemple, les résidents temporaires d’origine haïtienne qui se trouvaient au Canada au moment du séisme, pouvaient présenter une demande pour prolonger la durée de leur séjour ainsi qu’une demande de permis de travail dans les cas où ils ne pourraient pas subvenir à leurs besoins.

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Vu la situation en Haïti, il apparaît fort probable que ces francophones demeureront au Canada, dont plusieurs en Ontario. Reste à voir s’ils pourront bénéficier de l’appui de La bonne affaire «pour aider les immigrants francophones à s’intégrer au Canada», selon le ministre de CIC et du Multiculturalisme, Jason Kenney. Sans oublier le fait que nombre d’Haïtiens continueront d’affluer à Toronto.

Passer à l’action

L’opération La bonne affaire sera menée de front par une équipe de professionnels sous la gestion de Karine Morin, ancienne gestionnaire de projets de La Passerelle I.D.É, et sept agents de développement dont Michèle Pignol, également chargée à temps partiel du secteur de l’employabilité pour les nouveaux arrivants français au nom du Consulat de France.

Les agents ont pour mission d’identifier, d’informer, de former et d’accompagner les nouveaux arrivants et les entrepreneurs dans leur région respective, notamment dans l’Est ontarien, le Nord ontarien et le Centre Sud-Ouest, tandis que Karine Morin est spécifiquement chargée de sensibiliser les petites et moyennes entreprises face à l’embauche des nouveaux arrivants.

«La bonne affaire permettra à terme d’informer au total plus de 1000 nouveaux arrivants des réalités du marché du travail ontarien. Nombre d’entre eux seront formés et préparés à répondre aux exigences des employeurs. En même temps, des efforts seront déployés auprès des employeurs pour les sensibiliser aux avantages d’embaucher un nouvel arrivant et les appuyer dans le recrutement et l’intégration en milieu de travail», souligne Mme Morin.

La bonne affaire: définitivement une opération à observer avec intérêt, pour voir comment elle s’articulera au sein de la communauté franco-torontoise et ailleurs en Ontario français, vu le nombre élevé d’organismes non gouvernementaux et d’institutions académiques déjà impliqués en matière d’aide à l’emploi auprès des nouveaux arrivants.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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