Immigration: oserons-nous révolutionner le système?

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Publié 24/03/2015 par Annik Chalifour

«La famille canadienne est basée sur la protection des minorités et le respect des différences d’expression et identitaires», plaidait récemment la Cour fédérale pour conclure que le gouvernement ne peut interdire le port du niqab pendant la prestation du serment de citoyenneté canadienne.

Mais la vraie question au cœur de cette plaidoirie controversée, n’est-elle pas liée à l’interprétation de nos droits et libertés selon un modèle DÉSUET d’intégration des nouveaux arrivants et de gestion de la diversité ethnoculturelle vieux de plus de quatre décennies?

Petit retour sur l’histoire de la démographie canadienne des 30 dernières années.

Suite à l’adoption de sa politique novatrice de multiculturalisme (1971), le Canada a adopté sa nouvelle Loi sur l’immigration (1978) qui accordait la priorité à la réunification des familles et aux réfugiés.

S’en est suivie l’intensification de notre aide internationale humanitaire durant les années 1980-1990 où l’on a répondu aux crises sévissant partout dans le monde. Famine en Éthiopie, génocide au Rwanda, guerres multiples (République démocratique du Congo, Somalie, Soudan, URSS-Afghanistan, ex-Yougoslavie, Golfe persique) générant l’arrivée massive au pays d’un tout nouveau flot humain qui continue de se développer jusqu’à nos jours.

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Depuis le début des années 2000 notre monde est marqué par le 9/11, les guerres en Irak et en Afghanistan, le Printemps arabe, la crise syrienne, ISIS, l’éternel conflit israélo-palestinien, les menaces de la Corée du Nord et de l’Iran, la crise économique européenne, le conflit Ukraine-Russie, les désastres naturels dévastateurs (Haïti, Indonésie, Japon), Ebola, sans omettre l’ascension fulgurante des technologies de l’information.

Au cours des trois dernières décennies notre démographie canadienne a drastiquement changé, mais notre Loi sur le multiculturalisme et nos politiques d’immigration ont failli de s’ajuster à notre évolution démographique.

Parlant de notre «famille canadienne», jusqu’où veut-on l’élargir? Quels sont nos moyens en vue d’assurer l’intégration socio-politique de tous ceux et celles qui arrivent ici de plus en plus nombreux de pays où la démocratie n’existe pas?

Chers politiciens, il est temps de planifier notre «famille» en actualisant nos politiques de démographie et d’immigration. La définition juridique du fameux multiculturalisme canadien et de nos droits et libertés ne mérite-t-elle pas d’être révisée en fonction des nouveaux enjeux du 21e siècle et de leur impact sur notre démocratie occidentale?

Oserons-nous prendre position? Oserons-nous devenir plus stratégiques en matière d’immigration en rapport avec notre valeur contemporaine de l’égalité, notre identité géopolitique et notre bilinguisme officiel, en favorisant, entre autres, l’immigration en provenance du continent des Amériques et l’immigration francophone?

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Sans oublier de prioriser les droits de nos minorités premières… les Autochtones… la francophonie…

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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