Immigration: au-delà du cliché

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Publié 29/08/2006 par François Bergeron

C’est un cliché: le Canada est un pays d’immigrants. Mais les clichés sont rarement utiles. Les réalités qu’ils prétendent décrire sont toujours très partielles.

Relativisons donc, ici, en mentionnant que le Canada n’a que 400 ans d’histoire par rapport aux 2000 ans de civilisation occidentale, mais qu’il en est l’une des plus vieilles démocraties. Que son peuplement par les Français et les Anglais n’a été altéré par l’immigration non-européenne qu’au cours du dernier demi-siècle. Que, contrairement au mythe de la «mosaïque» canadienne et du «melting-pot» américain, les États-Unis ont toujours été un pays plus multi-ethnique et multi-racial que le Canada. Que plusieurs pays du «vieux continent», la Grande-Bretagne en tête, sont devenus des destinations d’immigration asiatique et africaine aussi importantes que ceux du «nouveau monde». Que les langues officielles, les institutions politiques, la jurisprudence, les coutumes populaires, l’expérience économique et la modernité canadiennes ne relèvent pas du folklore: elles représentent le mode de vie et les valeurs de la grande majorité des Canadiens.

À ce titre, ce mode de vie et ces valeurs devraient conditionner notre politique d’accueil. En clair: nous ne devrions accepter comme résidants permanents chez nous, a fortiori comme candidats à la citoyenneté canadienne, que des gens désireux d’adopter notre mode de vie et nos valeurs.

Cet intérêt serait démontrable chez ceux qui ont vécu au Canada plus longtemps que dans leur pays d’origine, qui ont appris nos deux langues officielles, qui s’habillent comme les Canadiens… Finie l’obtention du droit de vote au Canada après seulement quatre ou cinq ans de présence sur le territoire. Refusés les turbans dans la police et autres couteaux religieux à l’école. Renvoyées dans leurs pays arriérés les familles où les femmes sont voilées.

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Peut-être alors que disparaîtront les «citoyens canadiens» prêts à faire sauter des édifices à Toronto parce que nos forces armées sont engagées en Afghanistan ou à décapiter le Premier ministre à Ottawa parce qu’il est à tu et à toi avec le Président américain. Les Canadiens – les vrais – peuvent et doivent se questionner sur ce qu’ils font en Afghanistan et sur ce que nos voisins et amis font en Iraq ou ailleurs, mais la société canadienne elle-même fera toujours partie de la solution aux problèmes.

Le Canada doit rester une terre d’asile pour ceux qui fuient la dictature et l’obscurantisme, continuer d’accueillir en grand nombre des étrangers qui aspirent à une vie meilleure ou même seulement à une nouvelle expérience, mais pas en effaçant sa propre culture. Au contraire, il faut la valoriser et la promouvoir. Nos gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux devraient faire en sorte que l’obtention de la citoyenneté canadienne soit l’aboutissement – la récompense – du processus d’intégration à notre culture et à notre mode de vie, au lieu d’en être le commencement – souvent sans lendemains – comme c’est le cas à l’heure actuelle.

Inspiré de bonnes intentions, le multiculturalisme officiel sabote l’unité, la sécurité et la prospérité du pays en permettant à ses adeptes de «décrocher» de notre culture – ou plutôt de croire qu’ils n’ont pas à s’y accrocher. Grâce à l’immigration, les Canadiens dont les racines remontent à la colonisation française ou à la conquête anglaise peuvent apprécier la bouffe indienne, la musique africaine et le soccer. C’est très bien, mais ce qui est plus important, c’est que les Néo-Canadiens finissent par aimer la poutine, Beau Dommage et le hockey.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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