Immigration: affluence d’organismes d’aide aux nouveaux arrivants

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Publié 10/02/2009 par Annik Chalifour

Plus de 60 % des immigrants canadiens choisissent de s’établir en Ontario. La croissance démographique de l’Ontario d’aujourd’hui est presque entièrement due à l’immigration. En raison de l’arrivée massive d’immigrants, la province favorise de plus en plus l’implantation d’organismes à but non lucratif afin d’offrir toute une gamme de services aux nouveaux arrivants. Y a-t-il une duplication des mandats? Une petite analyse basée sur un échange avec Alain Christian Ngamewe, coordonnateur bénévole au Heritage Skills Development Centre.

Selon les statistiques (2005) de l’Office des affaires francophones, les immigrants francophones constituent 10,3 % de la population de l’Ontario français: 31,5 % sont nés en Afrique, 30,5 % en Asie, 18 % au Moyen-Orient.

Les données récentes de Statistiques Canada précisent que les francophones, toutes origines confondues, représentent 4,8 % de la population totale de l’Ontario, la province la plus populeuse du pays (12 millions). Au cours de l’année, des centaines de milliers d’immigrants arriveront au pays: la majorité d’entre eux se destinera vers l’Ontario (dont la plupart à Toronto) et l’Alberta.

Parmi les organismes à but non lucratif engagés dans l’aide aux immigrants et réfugiés à Toronto, «Heritage Skill Development Centre (HSDC) promeut le bien-être social, culturel et économique des nouveaux arrivants et de leurs familles pour qu’ils puissent contribuer et jouir des opportunités de vie et de travail dans la région de Toronto. Briser l’isolement», explique Alain Christian Ngamewe, coordonnateur bénévole au HSDC.

Le HSDC existe depuis 1993 et est basé à Scarborough. L’organisme œuvre en collaboration avec des bénévoles. Il opère à proximité de la clientèle qu’il dessert. Par exemple, les jeunes, les aînés, les mères monoparentales faisant partie de la population immigrante.

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Des Haïtiens à Scarborough

«Nous souhaitons élargir notre programmation pour inclure les immigrants francophones et francophiles qui ont besoin d’aide pour s’intégrer à la vie sociale et au marché du travail à Toronto. En outre, une population grandissante composée d’immigrants d’origine haïtienne s’installe à Scarborough», mentionne M. Ngamewe.

Quelle serait la différence, pourriez-vous demander, entre les services offerts par le HSDC et le Centre francophone de Toronto (CFT), bien connu pour ses multiples programmes adaptés aux besoins des nouveaux arrivants francophones à Toronto, dont la vaste majorité sont issus de pays d’Afrique francophone?

Peut-être y a-t-il des considérations géographiques, puisque le HSDC dessert les quartiers de l’Est de la ville, alors que le CFT attire davantage la population vivant proche du centre-ville.

Peut-être, qu’en examinant les programmes respectifs des deux organismes, s’apercevrait-on des similitudes mais aussi de ce qui les distingue. C’est-à-dire que le HSDC tend à appuyer des immigrants et réfugiés récemment arrivés à Toronto et cible des groupes vulnérables spécifiques.

On a déjà le Centre francophone de Toronto

Le CFT dessert l’ensemble de la population franco-torontoise, incluant non pas seulement des immigrants francophones, mais aussi des francophones provenant d’autres provinces, et tout visiteur francophone ou en transit à Toronto.

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Peut-être y a t-il des considérations démographiques? Le CFT dessert une grande portion des membres des communautés africaines francophones, alors que le HSDC pourrait envisager d’offrir une assistance plus particulièrement aux Haïtiens dont plusieurs, semble-t-il, décident de s’établir à Scarborough.

Il faut tout de même ajouter que les deux organismes offrent leurs services gratuitement à tous les nouveaux arrivants et ce, indépendamment de leurs origines. Le CFT se concentre exclusivement sur l’aide aux francophones, alors que le HSDC espère offrir ses services aux immigrants francophones, en plus des anglophones.

«Nous offrons présentement (en anglais uniquement) des cours en informatique, des ateliers en entreprenariat, des programmes d’activités relatifs aux besoins spécifiques des jeunes, un programme d’assistance sur mesure pour les mères monoparentales, et des activités conçues pour les aînés. Les besoins de l’ensemble de notre clientèle sont liés à la pauvreté causée par le manque d’emploi», précise M. Ngamewe.

Une question d’offre et de demande

Selon M. Ngamewe, si le HSDC recevait davantage de demandes de la part de francophones, le Centre envisagerait de répondre à leurs besoins. «Par exemple, les cours en informatique, qui représentent un outil essentiel dans la quête d’emplois et la poursuite d’études postsecondaires, pourraient être offerts en français. Nous souhaitons attirer des instructeurs francophones», ajoute le coordonnateur bénévole du HSDC.

En 2003, le HSDC a reçu un don de 15 ordinateurs et 8 ordinateurs portables de la part de Computer for School dans le but de continuer à dispenser l’accès à l’informatique et Internet pour les personnes marginalisées ou moins bien nanties.

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M. Mgamewe mentionne également, parmi les futurs projets importants du HSDC, la mise en place d’un programme de cours de français qui serait offert gratuitement. Une stratégie pour faire entrer le français au HSDC. «La connaissance du français est indispensable pour la population anglophone de l’Ontario en général et celle de Toronto en particulier. Elle agrandi leur horizon sur le marché du travail en même temps qu’elle leur ouvre l’accès à une nouvelle culture. Le HSDC est présentement à la recherche de bailleurs de fonds afin d’appuyer ce projet d’envergure», dit-il.

La question des ressources dédiées à l’immigration en est une qui dépend de notre habileté à concrétiser un plan global de développement économique à long terme, qui tienne compte de la répartition des immigrants en milieu urbain et à l’extérieur des grands centres. Une vision pouvant être influencée, parmi d’autres facteurs, par les besoins respectifs des différents marchés de l’emploi aux niveaux national, provincial et local, et à la capacité des employeurs à intégrer des nouveaux groupes de ressources humaines.

Info: www.hsdconline.org

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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