«Voilà une vieille chanson pour les vieux!», lance Hugues Aufray en boutade dans cet album des plus toniques, comme pour rappeler qu’il a connu ses premiers succès à l’époque où les Beatles faisaient encore les pitres pour les médias d’une Amérique qui n’était pas encore remise de l’assassinat de Kennedy.
En ce sens, Plus LIVE que jamais (Mercury/Universal Special Imports) se veut une vigoureuse affirmation de sa pérennité. Enregistré au Théâtre du Gymnase, à Paris, là où il avait fait ses débuts professionnels, l’album rassemble une généreuse brassée d’incontournables (Céline, L’épervier, Santiago, Hasta Luego, et même Adieu Monsieur le professeur), la plus belle de ses reprises de Dylan (La fille du Nord), après avoir ouvert le bal avec une demi-douzaine de morceaux de Félix, celui-là même qui l’avait inspiré à maîtriser la guitare dans les années 50.
Dynamisé par les orchestrations de Georges Augier de Moussac, Aufray nous rappelle que son répertoire, bien plus qu’une collection de souvenirs jaunis, reflète une convergence de styles et de préoccupations qui, collectivement, font la synthèse des turbulentes années 60 et 70: outre son incursion dans l’univers de Dylan, auquel il avait consacré un légendaire microsillon en 1965, Aufray fut parmi les premiers interprètes francophones à miner la veine du folk anglo-irlandais (Chacun sa mer est une reprise du Dirty Old Town d’Ewan McColl, plus tard repris par les Pogues), tout en mettant le cap sur l’Amérique latine, qui était alors le théâtre de combats politiques et sociaux auxquels, en bon troubadour de gauche, il ne pouvait être indifférent.
Au fait, existe-t-il des troubadours de droite?
Folk, espresso et bêtises
C’est une chose que de commettre des calembours douteux, c’est une autre que de choisir d’en faire le titre de son album: avec Cons méritent (dans le sens de «on a les titres cons qu’on mérite»), Denfer et ses Satanées Valseuses nous laissent une curieuse première impression – ou seconde impression, en fait, puisque ce CD marque le retour du groupe après une absence discographique de près de cinq ans.