Haïti: des progrès visibles, encore de grands défis

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Publié 09/09/2014 par Annik Chalifour

De passage à Port-au-Prince du 28 août au 2 septembre 2014, j’ai remarqué certains changements depuis mon dernier séjour dans la capitale haïtienne en 2012. Cet article met davantage l’accent sur les progrès visibles, notamment dans les secteurs de l’environnement, des infrastructures et de l’habitation dont j’ai été témoin durant ma récente visite, et sur le désir d’Haïti de prendre en mains son destin.

Aéroport

Depuis deux ans, les services de l’aéroport international Toussaint L’Ouverture se sont améliorés. Le temps d’attente pour passer les contrôles de sécurité est raisonnable.

Comme chez nous, on doit se présenter à l’aéroport dans les délais requis afin d’éviter les foules de dernière minute. Les compagnies aériennes, dont American Airlines avec qui j’ai voyagé, sont dotées de comptoirs d’enregistrement et de quais d’embarquement efficaces.

Le 2e étage de l’aérogare abrite plusieurs boutiques hors taxes et comptoirs de restauration. La salle d’attente pré-départ d’American Airlines dispose également d’un bar-restaurant. L’aérogare et ses salles de toilette sont propres et bien équipées. Un nouveau Salon de la Diplomatie est dédié à l’accueil des dignitaires internationaux.

Salubrité

Ayant récemment passé plusieurs heures à parcourir quotidiennement Port-au-Prince en voiture, j’ai constaté que l’état général de la salubrité s’est transformé à travers la capitale haïtienne.

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La gestion des déchets paraît mieux organisée. La propreté des rues m’a frappé en comparaison avec ce que j’avais vu en 2012. La forte population de Port-au-Prince semble accorder de plus en plus d’importance au respect de son environnement tropical et urbain.

Plusieurs projets de reconstruction ont été ou sont en voie d’être complétés. J’ai eu l’occasion de visiter, entre autres, le Sénat, le ministère du Tourisme et quelques bureaux d’organismes non gouvernementaux haïtiens. Les espaces sont fonctionnels et climatisés.

En outre, depuis deux ans, de nouveaux grands hôtels dont Royale Oasis et Kinam, accueillent visiteurs, gens d’affaires et touristes. Ayant dormi au Kinam, j’ai pu constater le grand confort de ses chambres spacieuses. L’hôtel offre un excellent service au cœur d’un décor au style exclusif, à la fois contemporain et traditionnel haïtien.

Sécurité

Sur le plan de la sécurité, comme dans toutes autres capitales caribéennes, il faut savoir où aller et ne pas aller, soit s’abstenir de fréquenter les quartiers à risque.

Willemstad (Curaçao), Castries (St. Lucia), Philisburg (St. Maarten), Nassau (Bahamas) que j’ai visité ces dernières années, sont des villes portuaires comportant certains dangers importants pour les touristes non avertis, dont les agressions et les vols.

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Selon ma perception, on croit à tort qu’Haïti est un pays plus dangereux en raison d’un manque d’informations.

La Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), présente dans le pays depuis 2004, aurait-elle contribué à «restaurer un climat sûr et stable» au cours de cette dernière décennie? Difficile de vous le confirmer à partir de ma courte visite de 5 jours.

J’ai visité Port-au-Prince et ses environs en compagnie d’amis haïtiens sans anicroche. Par contre, mieux vaut circuler avec un ami ou un chauffeur haïtien recommandé plutôt que de conduire soi-même: une règle de sécurité de base applicable dans tout pays qu’on ne connaît pas.

À Port-au-Prince, la circulation piétonne et routière reste intense à toute heure du jour. Les trottoirs abondent en petits commerces et les rues en tap-tap (taxis collectifs). On aperçoit de plus en plus de motocyclettes neuves importées d’Asie.

Aide internationale

L’aide humanitaire et au développement persiste depuis le séisme dévastateur du 12 janvier 2010. J’ai aperçu plusieurs sites de projets financés par USAID à travers Port-au-Prince ainsi que des véhicules de Médecins Sans Frontières et de la Croix-Rouge.

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Par contre, je n’ai pas vu de camps de personnes déplacées – nombreux en 2012 – mais plutôt certains quartiers défavorisés, comme le quartier Fort National, au centre-ville de Port-au-Prince, qui fut entièrement détruit lors du séisme.

Il reste encore beaucoup à faire pour relever cette population nombreuse, démunie et vulnérable. Face à cette réalité, la gestion des milliards de dollars en dons via les ONG internationales apparaît discutable.

Développement

Durant mon séjour, j’ai côtoyé un petit groupe d’étudiants universitaires basés à Toronto, effectuant un projet de recherche portant sur les thèmes de l’aide internationale, la transparence et le développement.

Ayant assisté à certaines de leurs rencontres visant la cueillette d’informations, entre autres avec des membres d’organismes non gouvernementaux haïtiens et du gouvernement, j’ai appris qu’Haïti désire encourager la diaspora à se réinvestir auprès du pays; accroître les opportunités d’entreprenariat et de commerce international; développer le tourisme; renforcer les capacités des ressources humaines du pays; réviser les mandats des ONG afin de reconfirmer ou d’infirmer la pertinence de leurs actions sur le terrain; fortifier le système judiciaire et la protection des droits humains, et beaucoup plus.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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