Grève des services essentiels à Toronto: de moins en moins drôle

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 21/07/2009 par François Bergeron

Toronto, la ville qui a fait rire d’elle à travers le pays pour avoir appelé l’armée au secours après une tempête de neige, est à nouveau ridiculisée en cet été sale et puant de grève des éboueurs.

Pour les résidants de la métropole, qui doivent se passer de piscines ou de traversiers vers les îles, et dont les parcs sont transformés en dépotoirs de plus en plus insalubres, c’est de moins en moins drôle.

Le maire David Miller se cache, encore sous le choc d’avoir été si rapidement abandonné par des chefs syndicaux qu’il comptait parmi ses amis et dont il avait défendu tant de revendications dans le passé.

On apprenait la semaine dernière que le maire a annulé une réunion de crise du Conseil municipal le 6 juillet, croyant encore réussir à faire entendre raison aux employés municipaux en leur offrant un contrat de travail auquel rêveraient des milliers de Torontois.

En effet, une foule de travailleurs seraient parfaitement qualifiés et désireux de remplacer les employés actuels de la ville, dont l’insatisfaction est irrationnelle – voire obscène – en ces temps difficiles où la majorité des Ontariens sont trop heureux de simplement conserver leur emploi.

Publicité

Malgré cela, ces nouvelles offres, que le maire a eu la bonne idée de rendre publiques, au grand dam des syndicats qui préfèrent le secret et la propagande, sont restées lettre morte. Ces syndicats, comme d’autres (pas tous les autres, mais surtout dans la fonction publique, dernier bastion de cette institution anachronique), sont enfermés dans une logique mafieuse qui ne tient aucun compte des intérêts supérieurs de la société.

La mince majorité de conseillers municipaux affiliés au NPD n’a pas mis les pieds à l’hôtel de ville depuis le début du conflit, question de ne pas franchir les piquets de grève, un geste sacrilège pour plusieurs de ces crypto-communistes qui doivent leur élection à l’apathie des deux-tiers de l’électorat face à la politique municipale.

La vingtaine d’autres conseillers soi-disant libéraux ou conservateurs forment une opposition encore plus dysfonctionnelle.

Tout ce beau monde devrait cependant finir par se réunir bientôt, couverture médiatique négative oblige, mais pour décider quoi? Demander à la province de déclarer le ramassage des ordures «service essentiel», ce qui limiterait le droit de grève? Entreprendre les démarches visant à privatiser la collecte des ordures ménagères, comme ça se fait déjà dans une majorité de villes canadiennes? Ordonner à la police de sécuriser les dépotoirs temporaires? Embaucher des travailleurs de remplacement, pendant la durée du conflit… ou à plus long terme?

Rappelons qu’en août 1981, après deux jours de grève des contrôleurs aériens américains, le président Ronald Reagan les avait tout simplement licenciés, annulé leurs contrats de travail et les ententes passées avec leurs syndicats, et réembauché des contrôleurs (pour la plupart ceux-là même qu’il venait de renvoyer) à ses conditions. C’est comme ça que le reste de l’économie fonctionne: les salaires et les conditions de travail dépendent du succès des entreprises. Pour les administrations publiques, cela dépendrait de leur capacité de taxer et de leurs priorités.

Publicité

Seul aspect positif, la grève devient le sujet de conversation numéro un entre voisins, et une riche source de nouvelles pour les médias: ses conséquences sur l’été des familles et la santé publique; son lot d’exactions commises par les grévistes aux entrées des dépotoirs temporaires ou à l’encontre de contracteurs privés aperçus en train de transporter des sacs suspects, ou à l’encontre de bénévoles nettoyant un trottoir; les initiatives de politiciens comme le vice-premier ministre ontarien George Smitherman, dont le groupe OneToronto organise des activités de nettoyage.

Il faut espérer que la participation au prochain scrutin municipal sera plus élevée.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur