Glendon bouscule les traditions du français langue seconde

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Publié 18/11/2014 par Alix Forgeot

Au campus Glendon de l’Université York, le Centre de formation linguistique pour les études en français, créé en 2012, accompagne les apprenants non francophones dans leur apprentissage du français. Cela passe par une approche actionnelle et la création de liens avec la communauté francophone.

Avant que le Centre de formation linguistique ne voie le jour, les étudiants étaient formés par le département d’études françaises. Cela posait un certain nombre de problèmes, car tous les élèves n’étaient pas francophones. Or, «on ne doit pas s’adresser aux non-spécialistes comme aux spécialistes», explique à L’Express Marie-Élaine Lebel, professeure de français langue seconde à Glendon.

Évolution dans un système

C’est ainsi que Françoise Mougeon, une sociolinguiste appartenant au département d’études françaises du collège universitaire Glendon, a eu l’idée de créer un Centre de formation linguistique.

L’objectif de ce centre, selon Mme Lebel, est de «permettre aux étudiants non francophones de premier cycle d’avoir une éducation plus adaptée et de pouvoir évoluer et étudier dans une université bilingue».

Sur 2700 étudiants inscrits à Glendon, 70 à 80% ne sont pas de langue maternelle française. Parmi ces derniers, 900 étudiants fréquentent le Centre de formation linguistique pour les études en français et ont une expérience différente du français: certains ont découvert le français en école d’immersion, d’autres ont suivi un enseignement de base en français au secondaire, le reste arrive de pays où le français n’est pas enseigné.

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Comme le constate la professeure, «c’est très hétérogène et il y a des étudiants qui sont plus habiles à l’écrit qu’à l’oral».

Approche actionnelle

L’objectif du Centre, c’est donc qu’à la fin de leur programme d’études, les étudiants en français langue seconde puissent utiliser le français dans leur champ de compétences.

Pour y arriver, les enseignants du Centre de formation linguistique insistent sur l’usage du français à l’oral et à l’écrit avant de faire de simples exercices de grammaire.

L’équipe du Centre a souhaité mettre l’accent sur la communication. Des groupes de discussion ont ainsi vu le jour. «On avait des étudiants qui savaient conjuguer», explique Mme Lebel, «mais qui n’arrivaient pas à parler. Ils connaissaient la mécanique, mais ils ne la vivaient pas».

Quatre niveaux ont donc été créés en fonction des compétences linguistiques des élèves. Ceux-ci se rencontrent toutes les semaines, le but étant d’établir des liens entre leurs expériences (certains font des études internationales, d’autres étudient la psychologie ou encore la sociologie) et des documents appartenant au domaine universitaire.

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«Par exemple, dans un texte scientifique, il y a un style impersonnel et on utilise le présent», note la professeure Marie-Élaine Lebel.

En fonction de leur niveau, les étudiants travaillent aussi sur de simples formulaires à remplir en français, des articles de journaux, des éditoriaux, ou encore des débats télévisés. Ce n’est qu’une fois la structure des documents reconnue que les enseignants abordent la grammaire.

Les résultats sont probants pour la professeure en français langue seconde: «Aujourd’hui j’ai beaucoup d’étudiants qui s’adressent à moi en français. Ils ont appris à communiquer et à prendre des risques en groupe».

Stages en milieu francophone

Le climat bilingue du collège Glendon aide bien entendu les élèves dans leur apprentissage de la langue.

Les activités organisées par le Centre de formation linguistique sont aussi un atout pour les apprenants en français langue seconde. Lors de la session d’hiver, plutôt que de suivre des cours en français, une vingtaine d’étudiants ont la chance de pouvoir travailler dans des organismes francophones tels que le Centre Héritage, le Théâtre français de Toronto, Oasis ou encore le Commissariat aux langues officielles.

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Cela leur permet «d’apprendre le français dans sa variation, car ils travaillent avec des Franco-Ontariens, des Québécois, des Européens ou encore des Africains», raconte Marie-Élaine Lebel. «Ils sont aussi exposés à une familiarité, car ils vont se faire des amis.»

Ils prennent aussi conscience de leur appartenance à la francophonie et de leur légitimité. «On n’a pas besoin d’être un expert pour faire partie de la communauté francophone», insiste la professeure, «comme francophiles, ils peuvent aussi en faire partie».

L’équipe du Centre de formation linguistique veut faire en sorte que les gens «communiquent, vivent et prennent des risques en français».

Marie-Élaine Lebel, elle, espère que dans quelques années on arrêtera d’entendre «oui, j’ai appris le français, mais je ne m’en souviens plus».

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