S’il fallait qu’on se trouve des parallèles historiques, on pourrait remonter à la rencontre entre Yehudi Menhuin et Ravi Shankar, dont le célèbre album East Meets West incarnait l’œcuménisme de la fin des années 60, ou bien celle entre l’inclassable guitariste Frank Zappa et l’intrépide chef d’orchestre Zubin Mehta. À l’époque, ce genre de collaboration était mue par une cursiosité réciproque et une volonté de trouver des convergences là où d’autres ne voient que des clivages.
Depuis cette curieuse époque, la multiplication – et la médiatisation – de telles rencontres transculturelles a quelque peu banalisé le phénomène.
Malgré tout, l’idée d’une rencontre pianistique entre Lang Lang et Herbie Hancock a de quoi piquer la curiosité des mélomanes les plus blasés, et il est clair que ces deux géants, qui seront de passage à Massey Hall le 5 août, ont développé une telle complicité personnelle et musicale qu’il serait fou de bouder notre plaisir – et de douter du leur.
Au centre de cette rencontre au sommet, on retrouve un musicien relativement obscur: John Axelrod. Mais si son nom n’est pas sur toutes les lèvres, le CV de ce chef d’orchestre américain nous confirme qu’il est singulièrement bien placé pour faire en sorte que prenne la mayonnaise «jazzique» que nous propose le programme ancré autour de l’incontournable Rhapsody In Blue de George Gershwin.
D’abord dénicheur de talents pour l’étiquette rock BMG (on lui doit Tori Amos et Smashing Pumpkins), Axelrod deviendrait plus tard directeur du Robert Mondavi Wine and Food Centre, en Californie, avant de retrouver, la trentaine entamée, sa vocation première, celle de chef d’orchestre.