S’il devait un jour ne rester qu’un seul journaliste prétendant encore à l’objectivité, ce serait Gérald Fillion, l’animateur de RDI économie à Radio-Canada.
Devant les membres du Club canadien de Toronto jeudi dernier, le plus célèbre chroniqueur économique francophone au pays a en effet plaidé pour «les faits, l’intégrité, l’explication, la nuance et la modestie» dans l’information en général et dans l’information à caractère économique en particulier.
Ne reculant pas devant le mot «objectif», un concept auquel plusieurs citoyens et certains journalistes ne croient plus, Gérald Fillion s’est porté à la défense des plus grands médias canadiens – Radio-Canada, La Presse, Toronto Star, Globe and Mail et quelques autres – qui restent selon lui les sources d’information les plus sérieuses et les plus fiables, qu’on aurait tort de délaisser au profit de «la propagande et la désinfornation» qui circulent sur internet.
Il conteste vivement l’opinion d’Yves Michaud, le «Robin des banques», qui aurait déjà dit que «l’objectivité est l’arme des lâches». La subjectivité est plus «jouissive» ou divertissante, admet-il, mais l’objectivité fait oeuvre plus utile pour la société.
Niant formellement que Radio-Canada entretient la détestation des valeurs de quelque parti politique que ce soit (commentaire formulé récemment par le premier ministre Stephen Harper), M. Fillion indique qu’on ne peut pas porter un tel jugement à partir d’une seule entrevue ou d’une seule émission: «il faut considérer l’objectivité de Radio-Canada dans le temps», c’est-à-dire sur toute la saison ou sur l’ensemble de l’oeuvre.