G8 inutile

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Publié 15/07/2008 par François Bergeron

Le sommet annuel du G8 a eu lieu les 7, 8 et 9 juillet sur l’île japonaise d’Hokkaido dans l’indifférence générale.

Le président américain George W. Bush y participait pour la dernière fois; son successeur est attendu avec une certaine trépidation. Le nouveau président russe Dmitri Medvedev sortait dans ce grand monde pour la première fois, mais on sait qu’il co-gouverne son pays avec son prédécesseur devenu Premier ministre, Vladimir Poutine, assurant ainsi une continuité inaltérable.

Notre Premier ministre Stephen Harper en était déjà à son troisième G8… ce qui est à peu près tout ce qu’on peut dire du rôle du Canada dans ce forum de plus en plus inutile en raison de l’absence de nations plus importantes: Chine, Inde, Brésil, Mexique, Afrique du Sud…

Pendant son court mandat, le Premier ministre Paul Martin s’était fait le champion d’un nouveau G20, institution qui serait à la fois plus représentative que le G8 et plus fonctionnelle que les Nations Unies à 192 membres – certaines aussi petites que les îles de Toronto, d’autres dirigées par des personnages peu fréquentables.

Le candidat républicain à la présidence des États-Unis, John McCain, souhaite que le G8 redevienne le club des grandes démocraties libérales qu’il était à l’origine, ce qui excluerait la Russie mais admettrait peut-être l’Espagne et l’Australie.

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Le Canada et l’Italie ne figuraient pas dans le projet initial de G5 (États-Unis, Japon, Grande-Bretagne, France, Allemagne) du président français Valéry Giscard d’Estaing conçu en pleine Guerre froide.

Affirmer que le G8 est plus pertinent que l’ONU est un bien faible compliment. Et à l’ère des communications modernes, où les chefs de gouvernement n’ont qu’à décrocher le téléphone pour se concerter, et où ils se visitent plus souvent et participent à plusieurs autres réunions internationales de toute façon, les sommets du G8 paraissent dater de l’ère pré-industrielle.

Les associations de dirigeants de pays partageant un même continent ou une même culture, et les réunions consacrées à un seul thème (l’environnement, le commerce, le sida) sont plus productives.

Du point de vue de l’Union européenne, le G8 est carrément nuisible. En toute logique, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et l’Italie devraient y céder leur place au seul représentant de l’UE… Mais alors les jours du Canada seraient comptés au sein de ce qui redeviendrait une Trilatérale États-Unis, Europe, Japon.

Si les membres du G8 tiennent absolument à leur cérémonial annuel, ils pourraient le dynamiser en permettant au pays hôte de choisir quelques invités de plus – voisins, alliés ou partenaires privilégiés, pas toujours les mêmes – pour diversifier les conversations. Un peu comme le pays hôte des Jeux olympiques qui peut y promouvoir un nouveau sport.

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Le G8 ne retrouvera vraisemblablement sa raison d’être que lorsqu’il deviendra un G12, un G15 ou un G20, donc élargi aux principales économies d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique… et bien sûr quand on y prendra de réelles décisions!

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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