Fusion des administrations scolaires

Le Nord en péril selon l'AFOCSC

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Publié 07/07/2009 par Annik Chalifour

Le 1er juin dernier, la ministre de l’Éducation Kathleen Wynne, annonçait la décision du gouvernement provincial de fusionner les administrations scolaires du Nord de la province à des conseils scolaires existants, dans un but d’économie. L’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC), estime que cette fusion nuira au développement de l’éducation de langue française dans les communautés francophones éloignées, ainsi qu’à la survie de ces communautés à long terme.

Cinq administrations scolaires du Nord de l’Ontario, représentées au sein de l’AFOCSC, sont touchées par le projet de fusion: les conseils des écoles séparées catholiques de Foleyet, Dubreuilville, Gogoma, Hornepayne et Red Lake, qui forment le Collectif des administrations scolaires catholiques du Nord de l’Ontario (CASCNO).

Selon le projet, ces cinq administrations scolaires seront accueillies par trois grands conseils catholiques de langue française du Nord: Aurores Boréales (Thunder Bay), Grandes-Rivières (Timmins) et Nouvel-Ontario (Sudbury).

La présidente du CASCNO, Suzanne Roch, originaire de Foleyet, déplore le fait que les parents n’aient pas été consultés par le ministère concernant la fusion. «Les parents désirent rester impliqués dans l’éducation de leurs enfants.

La fusion entraînera la disparition du Collectif créé il y 35 ans sous le nom du Collectif des centres isolés et devenu le CASCNO d’aujourd’hui, qui fonctionne comme un conseil scolaire», dit Mme Roch. «Les parents ne pourront plus compter sur un conseiller scolaire pour représenter les besoins de leurs enfants en matière d’éducation. Les 130 élèves répartis à travers notre Collectif, perdront leurs écoles.»

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Gestion bien établie

Les administrations scolaires du Nord ont le même statut que les conseils scolaires: elles sont gérées par des conseillers scolaires. Le CASCNO jouit d’une saine gouvernance basée sur un plan stratégique, approuvé par son conseil pour la période 2008-2013.

Cependant, le budget du CASCNO diffère de celui des conseils scolaires: il doit tenir compte des conditions spécifiques à l’enseignement en milieu isolé.

Entre autres, le CASCNO a développé avec succès des projets comblant les besoins des élèves, grâce à l’entente Canada-Ontario et à la Politique d’aménagement linguistique. Par exemple, dans le secteur de la technologie de l’information et des communications.

Comme les budgets sont accordés en fonction du nombre d’élèves, le risque est très élevé de voir disparaître les écoles des petites communautés du Nord, fréquentées par 10 élèves ou moins.

Financement à risque

«Le Conseil scolaire catholique des Grandes-Rivières fera tout en son possible pour bien accueillir les élèves qui lui seront confiés et nous sommes prêts pour le mois de septembre 2009», dit la vice-présidente de l’AFOCSC, Isabelle Charbonneau, aussi présidente du Conseil scolaire catholique des Grandes-Rivières.

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«Cependant, nous avons de grandes inquiétudes au niveau du financement requis pour continuer à livrer l’éducation à des écoles si isolées. Si le gouvernement n’augmente pas le financement pour ces écoles, je ne sais pas si nous pourrons les maintenir ouvertes à long terme, après le moratoire imposé par la ministre.»

Développement durable

Même si la fusion des cinq petites administrations du Nord s’effectuera avec trois conseils catholiques de langue française, l’AFOCSC s’inquiète du changement que causera la fusion sur la survie des communautés éloignées.

L’école est le pilier de nos communautés francophones isolées et de leur développement durable, selon Suzanne Roch. «De plus, dit la présidente du CASCNO, nos élèves réussissent très bien les tests de l’OQRE. Un autre argument du ministère en faveur de la fusion, qui n’est pas valide.»

Suzanne Roch est conseillère scolaire dans la localité de Foleyet depuis trois générations. Son père et son grand-père l’ont précédé dans ce poste clé de la communauté.

L’AFOCSC planifie de faire modifier le projet de fusion et permettre aux administrations scolaires francophones catholiques de se regrouper en conseil, plutôt que d’être amalgamées avec les conseils catholiques de langue française du Nord.

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Droit à la gouvernance locale

La création d’un nouveau conseil scolaire catholique de langue française pour regrouper les administrations du Nord de la province permettrait aux parents de conserver la gestion localement pour leurs enfants et de continuer à préserver le fait français dans le Nord, dans nos communautés isolées, selon Dorothée Petit-Pas, présidente de l’AFOCSC. «Nous aurions souhaité que la ministre consulte les parents et les communautés de ces régions avant d’annoncer la fusion.

Après tout, le droit de gestion scolaire revient d’abord aux parents ayants-droit selon la Charte canadienne des droits et libertés.»

Selon l’AFOCSC, il y a atteinte à l’article 23 de la Charte parce qu’il n’y pas eu de consultation auprès des communautés visées; que la gouvernance établie sera éliminée; qu’à long terme, les communautés francophones vivant en situation minoritaire dans le Nord de l’Ontario disparaîtront.

L’AFOCSC prévoit de rencontrer la ministre de l’Éducation dès le 10 août prochain et de tenter de proposer une modification au projet de fusion en ce qui concerne les écoles catholiques de langue française.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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