Ford ou Smitherman?

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Publié 19/10/2010 par François Bergeron

Rob Ford a tapé dans le mille avec son slogan «respect for taxpayers».

Empoisonnés à l’été 2009 par le syndicat des employés municipaux, qui a cessé de ramasser les ordures et qui a aussi fermé les piscines et les camps de vacances, les Torontois attendaient patiemment ce scrutin du 25 octobre 2010 pour se débarrasser de la clique qui a permis de tels abus et qui considère l’Hôtel de Ville comme sa chasse gardée.

Et soyons clair: la clique en question, c’est celle de Joe Pantalone, inféodé à la mafia syndicale, le seul candidat à la mairie de Toronto dont la propagande ne fait aucune mention de la grève des éboueurs, encore moins de possible privatisation de services municipaux, et à qui on ne peut absolument pas faire confiance pour rationaliser les dépenses et équilibrer le budget.

N’oublions pas que si le maire David Miller avait réussi à convaincre ses «amis» du syndicat de ne pas abuser de leur situation privilégiée et de ne pas prendre la population en otage à l’été 2009, il se serait représenté et aurait été réélu.

David Miller a au moins posé un geste honorable en se retirant de la vie politique municipale après avoir été trahi. Souhaitons qu’on lui offre l’occasion de continuer de contribuer au développement de la métropole qu’il n’a pas si mal gérée depuis 2003.

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Le slogan de George Smitherman est «a man with a plan»… Mais quel plan au juste? Son plan de carrière?

L’ex-poids lourd du gouvernement libéral de l’Ontario (ministre de la Santé, puis de l’Énergie, où il n’a pas spécialement brillé) administrerait sans doute la Ville de Toronto avec plus d’attention aux sensibilités de chacun (immigrants, gais, francophones, cyclistes, marathoniens, artistes, etc.) que Rob Ford.

De plus, il a rapidement compris d’où soufflait le vent qui gonflait les voiles de Rob Ford et a solennellement promis, lui aussi, d’équilibrer le budget, limiter les hausses de taxes, rationaliser les dépenses et reprendre le contrôle de la bureaucratie municipale.

Au sujet de la grève des éboueurs, George Smitherman promet carrément que «ça ne se reproduira pas» avec lui comme maire. Il nuance malheureusement en disant «considérer» la privatisation du ramassage et du recyclage des ordures, «sur une base quartier par quartier, quand le niveau de service peut être amélioré ou maintenu à des coûts moins élevés»… Sans préciser quand on pourra célébrer cet événement, il ajoute que cela dépendra de «comités de citoyens qui évalueront les offres de services»… C’est flou, mais il assure que «tout contracteur extérieur soumissionnaire ou embauché sera soumis à une nouvelle règle anti-grève».

Rob Ford, lui cite l’exemple d’Etobicoke, dont il était l’élu au Conseil de Ville depuis 10 ans, qui a conservé, après sa fusion avec Toronto, son service privé de ramassage des ordures. Il propose d’étendre ce système à toute la ville, en procédant par appel d’offres.

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En réalité, la privatisation des services ne fait pas automatiquement disparaître le syndicalisme ni le risque de grève (pour cela on devrait s’adresser au gouvernement provincial et demander de modifier les lois du travail protégeant ces fiefs anachroniques), même si ça tend effectivement à favoriser une meilleure productivité, à des coûts plus raisonnables et à protéger les services essentiels.

Le balai, symbole du «ménage» à faire à l’Hôtel de Ville, que brandissait David Miller en 2003, a donc bel et bien changé de camp: il est à droite.

Joe Pantalone a déclaré que Smitherman était «plus dangereux» que Ford, car, plus fin manipulateur, il risquait de faire adopter une plus grande partie de son programme. Puisse-t-il avoir raison!

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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