Force excessive

Sammy Yatim a été abattu samedi matin à bord d'un streetcar vide, entouré de policiers.
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Publié 30/07/2013 par François Bergeron

Le jeune Sammy Yatim avait sans doute des problèmes. Quel jeune de 18 ans est parfaitement bien dans sa peau, en harmonie avec sa famille et serein face à son avenir?

Le jeune immigrant syrien à Toronto était peut-être sous l’influence de la drogue ou en proie à une crise psychologique quand il aurait brandi un couteau dans un streetcar vendredi soir autour de minuit, à l’angle des rues Bellwoods et Dundas.

Selon les premiers témoignages de ses proches rapportés dans les médias, son comportement ce soir-là serait complètement inattendu.

Immobilisé, le véhicule de la TTC avait été évacué et était entouré de plusieurs policiers – 22 sont convoqués à l’enquête officielle – quand l’un d’eux, James Forcillo, a tiré à neuf reprises sur Sammy Yatim, qui était encore dans le streetcar et refusait de déposer son couteau.

Les collègues de ce policier n’ont pas semblé chercher à l’empêcher de tirer, au contraire.

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D’après la vidéo filmée par un passant et diffusée sur YouTube, ce n’est pas une rafale de balles qui s’est échappée d’une arme automatique, mais bien trois coups bien mesurés. Puis deux autres après quelques secondes, même si Sammy Yatim était déjà tombé. Puis encore deux autres… et deux derniers.

Après cet usage de force extraordinaire, il s’est encore trouvé un policier pour décharger une arme électrique contre le corps de Sammy Yatim, pendant que les policiers montaient dans le streetcar. Pourquoi ne pas avoir d’abord utilisé le Taser ou même seulement le bâton… ou commencer par essayer de lui parler pour le calmer?

L’Unité provinciale des enquêtes spéciales examinera bien sûr la chaîne d’événements qui a mené à la mort de ce jeune homme. Malheureusement pour le chef Bill Blair et ses troupes, la confiance du public envers la police de Toronto est déjà très sérieusement ébranlée.

Les Torontois ont le droit de recevoir des réponses aux multiples questions que soulève cette intervention policière tragique, et ce, dans les meilleurs délais.

Malgré toute la contrition déployée par le chef de police, on ne peut s’empêcher de se demander comment auraient été traités ces événements en l’absence de témoins civils et de vidéo.

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Les images de la scène sur YouTube ne révèlent sans doute pas tout ce qui s’est passé, mais on ne conçoit pas qu’un policier – suspendu avec plein salaire pour la durée de l’enquête – puisse ainsi ouvrir le feu sur un individu armé seulement d’un couteau et, surtout, ne menaçant directement personne.

James Forcillo, le policier qui a tiré – qui en serait très affecté, dévasté même, s’il faut en croire son représentant syndical – était à l’emploi de la police de Toronto depuis 6 ans. N’a-t-il pas reçu une formation l’incitant à agir avec plus de circonspection dans un tel contexte? Si ce n’est pas le cas, ça urge.

Y a-t-il une culture policière, supplantant la formation officielle, valorisant l’usage de la force meurtrière à la moindre résistance ou refus d’obtempérer d’une personne interpellée? Si c’est le cas, il faut l’éradiquer.

* * *
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Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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