Foire d’emplois bilingues: le français en vaut-il la peine?

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Publié 13/10/2009 par Annik Chalifour

Les 7 et 8 octobre, s’est tenue la Foire annuelle des emplois bilingues organisée par BilingualLink.Com à Exhibition Place. Plusieurs conférences ont été proposées au cours de l’événement, dont celle offerte par Canadian Parents for French (Ontario) jeudi 8 octobre en matinée, intitulée «Le chemin de la réussite bilingue», destinée aux jeunes en train de développer leur cheminement de carrière. Graham Fraser, commissaire aux langues officielles du Canada, et Alexandre Trudeau, cinéaste et journaliste, étaient les conférenciers invités.

L’objectif de Canadian Parents for French est de sensibiliser les élèves, en tant que futurs leaders de l’Ontario, à l’importance du bilinguisme.

Une vingtaine d’écoles secondaires ont assisté à la conférence, toutes des écoles d’immersion, sauf une seule école francophone: l’école Étienne-Brûlé du Conseil scolaire de district du Centre-Sud-Ouest.

«Cette année, nous avons décidé de premièrement cibler les écoles d’immersion, là ou plusieurs jeunes anglophones apprennent le français» explique Rose Cathy Handy, directrice générale de BilingualLink.Com.

«Comprendre la diversité de la culture canadienne, commence en premier lieu par l’acquisition de la connaissance des deux langues officielles du pays», commente Graham Fraser, en s’adressant à son auditoire de 600 élèves de 11e et 12e année issus du Grand Toronto.

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La langue est un outil de sensibilisation à d’autres cultures, selon Fraser, dont l’intérêt marqué vis-à-vis de la culture francophone, remonte à ses premières incursions culturelles au Québec, datant des années 60.

Décoder les valeurs culturelles

«Au début de mon apprentissage du français, je me suis senti comme un nouvel arrivant. J’avais un accent; ma façon de m’exprimer me faisait paraître maladroit involontairement; j’apprenais aussi à décoder les valeurs des francophones et à m’ajuster aux différences culturelles.

Mais c’est justement cette expérience qui m’a permis de réaliser l’importance du bilinguisme et de comprendre les deux sociétés linguistiques du Canada.

Le fait de pouvoir communiquer dans les deux langues m’a donné, et continue de me donner la possibilité, non seulement de m’ouvrir à tous les Canadiens, mais au reste du monde. Apprendre le français, a transformé ma vie!», déclare le commissaire.

Carte interactive du Canada

M. Fraser a mis l’accent sur nombre d’avantages dont les élèves canadiens disposent pour parfaire leur connaissance des deux langues. «Entre autres, les programmes d’immersion et d’échanges interprovinciaux, les programmes d’études bilingues du Collège Glendon à Toronto, de l’Université d’Ottawa, et depuis plus récemment, des Universités Carlton et Western Ontario», mentionne-t-il.

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Le commissaire a annoncé le lancement d’un nouvel outil à compter de la fin d’octobre: une carte interactive du Canada, ayant pour objectif de permettre à tous les élèves de repérer les endroits d’un bout à l’autre du pays, où s’offrent diverses possibilités d’apprendre, de pratiquer et d’utiliser les deux langues.

«Il est primordial d’informer les jeunes sur les différentes options d’apprentissage des deux langues qui existent à travers le pays, pour qu’ils puissent pleinement en profiter.»

Le français, une langue vivante

Quelques jeunes adultes sont venus témoigner de l’apport du bilinguisme dans leur vie, dont entre autres, Ashley Mcvey, agente d’information et d’éducation à l’Assemblée nationale.

Il y a plusieurs années, Ashley a eu l’opportunité de participer au programme Jeunesse Canada Monde (JCM), qui lui a permis de vivre et travailler bénévolement au Bénin (pays francophone d’Afrique de l’Ouest) en compagnie d’autres jeunes Canadiens et d’homologues Béninois auprès de communautés francophones de ce pays et au Québec durant six mois. «Ce programme a changé ma vie. J’ai compris que le français est une langue vivante», dit Ashley.

Ayant travaillé avec JCM au Sénégal et en Colombie au début des années 80, j’ajouterais que l’envie d’apprendre une autre langue, provient souvent de l’attirance ressentie vis-à-vis de la culture de la langue.

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Alexandre Trudeau

Suite à l’obtention de son diplôme en philosophie de l’Université McGill en 1997, Alexandre Trudeau s’est lancé dans le monde du cinéma social, où les sujets qu’il aborde sont souvent controversés.

En 2008, Trudeau a réalisé le film Refuge, portant sur la situation de crise au Darfour, ainsi que d’autres reportages radio pour CBC et Radio-Canada sur l’héritage du maintien de la paix canadien – La troisième chance.

Le jeune cinéaste bilingue démontre une personnalité ouverte sur le monde grâce, selon lui, à son éducation familiale bilingue, ses voyages en Europe et en Afrique menés au cours de son adolescence, dans des conditions de coureur des bois.

Au coeur du récit de ses multiples périples d’aventurier téméraire, sa sensibilité vis-à-vis des racines et de l’histoire du français reste palpable. «Voyager pour moi est irrésistible, parce que cela me permet d’aller à la rencontre des cultures du monde, en français, en anglais comme dans d’autres langues», dit-il.

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Emplois bilingues

Rose Cathy Handy, directrice de BilingualLink.Com depuis 1998, estime que la Foire annuelle continue de progresser, depuis sa première édition tenue à Toronto en 2000.

«Nous avons plus que doublé le nombre d’exposants, en passant de 30 à 80. Plus de 1500 visiteurs sont venus à la Foire 2009», dit-elle.

On note cette année, une grande variété parmi les exposants, incluant nombre de représentants du secteur des affaires, de l’éducation, du privé, du gouvernement et d’organismes à but non lucratif.

Les prochaines Foires d’emplois bilingues se tiendront à Ottawa et Sudbury en mars 2010. BilingualLink.Com planifie d’effectuer un suivi auprès des exposants et visiteurs, afin de pouvoir cerner les retombées des Foires sur le marché du travail.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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