Le conseiller municipal Giorgio Mammoliti a assisté en fin de semaine dernière aux événements de la Fierté gaie sur les rues Yonge et Church, mais pas, comme tout le monde, pour danser et s’amuser. Armé d’une caméra vidéo, il cherchait plutôt à documenter la présence dans le cortège de promoteurs de causes politiques «inappropriées» pouvant justifier le retrait de la subvention municipale de 130 000 $ en argent et d’environ 200 000 $ en services de sécurité et de nettoyage.
Les organisateurs du festival ont en effet promis, en échange de l’appui financier de la Ville, de ne plus admettre le groupe antisioniste QuAIA («Queers Against Israeli Apartheid») dont l’activisme indisposerait la communauté juive, ce qui contreviendrait à la politique anti-discrimination de la Ville de Toronto, possiblement aussi au Code des droits de la personne de l’Ontario.
Mais si la Pride peut facilement refuser l’inscription d’un char allégorique ou d’un kiosque, empêcher les gens de se promener avec certaines bannières ou t-shirts pendant l’événement est plus difficile, considérant la multitude de messages qui s’y donnent rendez-vous: solidarité avec ceci ou cela, appuis de parents, d’entreprises ou de communautés, valorisation de divers sous-groupes LBGTQ (dont, cette année, les francophones qui ont organisé Franco-Pride).
Et comme, très souvent, quand on cherche, on trouve, Mammoliti est tombé sur un petit groupe de lesbiennes («Dykes and Trans People for Palestine») portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Free Palestine» ou encore «End the occupation». Il compte présenter ces images comme preuve que les organisateurs de la Pride n’ont pas respecté leur promesse.
«L’apartheid» et «l’occupation» dont il est question ici procèdent d’une interprétation bien particulière du conflit israélo-palestinien, où tous les torts seraient du côté israélien. Curieusement, le seul pays du Moyen-Orient où il est possible d’organiser une manifestation gaie, le plus progressiste en la matière, la seule démocratie de la région, c’est bien sûr Israël. Un défilé de la Fierté gaie, à Toronto ou ailleurs, est le dernier endroit où on s’attendrait à trouver davantage de critiques d’Israël que de l’homophobie (entre autres phobies) chez ses voisins.