Dans notre société où une bienséance factice chasse de l’espace public et même semi-public (la table familiale ou le party de bureau) toute conversation honnête sur la politique, les cultures, les religions ou d’autres contentieux, il ne faut pas se surprendre que la liberté d’expression soit de plus en plus malmenée.
Récemment, les députés de la Chambre des communes (à l’unique exception de l’indépendant André Arthur, l’iconoclaste animateur de radio élu dans la région de Québec) ont voté une résolution de blâme à l’endroit du magazine Maclean’s pour avoir titré que le Québec était la province la plus «corrompue» au Canada.
Pire, selon certains, l’hebdomadaire avait osé illustrer cette affirmation (plutôt mal étayée par le reportage et l’analyse qu’on trouvait à l’intérieur) par une image du Bonhomme Carnaval transportant une valise débordante de billets de banque.
Il faut savoir que le Carnaval de Québec défend l’image de son bonhomme comme l’Église celle de Jésus et comme certains anglos celle de la reine.
Il y a quelques années, la maison d’édition Les Intouchables (mal nommée ici) avait capitulé face à une poursuite judiciaire pour avoir illustré un roman policier d’une image du Bonhomme Carnaval portant une arme à feu: les livres avaient été rappelés et la couverture changée.