Facturation à l’utilisation… équité ou arnaque?

Une semaine agitée pour l’Internet canadien

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Publié 08/02/2011 par Guillaume Garcia

Que la semaine fut longue, tant pour les gros fournisseurs d’accès à Internet, que pour les utilisateurs et bien évidemment pour le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Les débats sur la tarification à l’utilisation ont soudé les internautes contre les géants des télécoms. Les politiques ont également fait leur entrée dans la bataille

Le 25 janvier dernier, le CRTC prenait la décision d’obliger les petits fournisseurs d’accès à Internet à facturer leurs clients selon leur utilisation. Sourire sur la face de Bell, Telus et Rogers, grimace du côté des clients et des petits revendeurs.

Le 31 janvier, la colère gronde sur la toile et oblige le ministre Tony Clement à déclarer qu’il va étudier le problème. Stephen Harper s’en mêle en indiquant via Twitter, peut-être pour prouver son attachement aux nouvelles plates-formes de réseaux sociaux, qu’il est contre cette mesure.

Pourquoi une telle levée de boucliers?

Si le gouvernement en place prend la question autant à coeur, c’est que des élections sont peut-être à prévoir et que les partis d’opposition ont déjà participé à la levée de boucliers contre la décision du CRTC.

«Les libéraux croient à plus de concurrence sur l’Internet, et non moins», a affirmé Pablo Rodriguez, porte-parole libéral responsable du Patrimoine.

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«Le NPD est outré que les Canadiennes et Canadiens se fassent encore avoir par les frais exorbitants de téléphonie et d’Internet», a indiqué le chef Jack Layton.

S’ils n’agissaient pas, les conservateurs auraient donné l’impression de ne pas défendre les consommateurs contre une hausse des prix de l’Internet. Les Canadiens payent déjà leurs connections Internet beaucoup plus que la plupart des habitants des autres pays occidentaux – pour des services souvent très inférieurs.

Un service dépassé

Contrairement à l’idée que défendait Terrence Corcoran dans le National Post, le Canada paie plus cher que son voisin américain, avec une limite de téléchargement ridiculement faible. Aux États-Unis, la moyenne de téléchargement autorisée est de 250 gigas par mois, quand elle n’est pas illimitée.

Au Canada, elle se situe autour de 60 gigas, pour les forfaits intermédiaires et de 75/80 pour les forfaits les plus chers.

Les statistiques de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), datant de 2009, montrent que le Canada, avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande, sont les seuls pays membres qui n’offrent quasiment pas d’abonnements illimités, même si depuis, quelques compagnies se sont lancées dans l’aventure, au grand dam des «grosses télécoms», ceux là même qui voyaient déjà la décision du CRTC comme définitive. Leur volonté était d’obliger les petits distributeurs à supprimer leurs offres illimitées, puis baisser leur propre offre à 25 gigas de téléchargement et faire payer aux utilisateurs les dépassements de quotas. Ingénieux système pour se remplir les poches

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Il faut bien comprendre une chose: les Canadiens consomment énormément d’Internet, et donc de bande-passante (comme la route pour les voitures!).

Si peu d’utilisateurs dépassent aujourd’hui leur quota, cela devrait rapidement changer. En effet, la télévision sur Internet, le téléchargement de films, de musique, explosent littéralement tous les ans.

Mais, plus d’Internet veut dire moins de temps devant le câble… ou carrément suppression de l’abonnement, et ça Bell et Rogers n’aiment pas vraiment.

Avez-vous entendu parler de Netflix? Pour moins de 10 $ par mois, vous pouvez télécharger LÉGALEMENT une quantité astronomique de films et de série télévisées. Une solution que les foyers choisissent aux dépens du câble. Depuis son entrée au Canada le 22 septembre dernier Netflix compterait pour 20% du trafic sur Internet en soirée, en Amérique du Nord. Imaginez la tête de Bell et Rogers…

Quelles solutions?

La lutte pour contrer la hausse des prix semble avoir fonctionné et la décision de la CRTC a été reportée.

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Au soir du 31 janvier, plus de 
160 000 Canadiens avaient signé la pétition Stopthemeter et 15 000 de plus s’ajoutaient environ par jour. Une manifestation Stopthemeter a d’ailleurs eu lieu vendredi 4 février au Dundas Square, dont plusieurs vidéos sont disponibles sur le site Openmedias.ca
openmedia.ca/blog/stop-meter-voices

Les discussions vont bon train pour savoir comment faire payer l’Internet, en illimité ou à l’utilisation, comme l’eau et l’électricité. Réfléchissez seulement que normalement, le prix des technologies ne fait que baisser. Pourquoi augmenterait-il au Canada? Internet y est affreusement cher, tout comme le téléphone (les appels entrants payants, c’est vraiment sérieux?), du fait de la non-concurrence. Il faut ouvrir le marché et voir qui propose quoi. Mais tout cela ne peut être fait sans l’accord du gouvernement et le changement des règles sur l’investissement étranger dans les télécommunications.

Juste pour comparer rapidement et sans vouloir être niaiseux, en France on paie 29,99€ par mois pour l’Internet illimité, 300 chaînes de télévision, et le téléphone fixe en illimité vers 75 pays du monde. Ça laisse rêveur…

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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