Études supérieures en français à Toronto: de plus en plus d’options

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Publié 23/10/2013 par François Bergeron

Le gouvernement provincial débloque 16,5 millions $ pour aider les universités et collèges à amplifier leurs programmes et services en français, y compris une expansion déjà en cours au Collège universitaire Glendon de l’Université York, au Collège Boréal et à la Cité collégiale dans la région du grand Toronto

Le plan d’action pour l’éducation postsecondaire en langue française, dévoilé jeudi au Collège Glendon par les ministres Madeleine Meilleur (Affaires francophones) et Brad Duguid (Collèges et Universités), veut permettre d’augmenter l’accès aux études postsecondaires et aux services connexes en français dans le centre et le sud-ouest de l’Ontario.

Les ministres ont également annoncé la création prochaine d’un comité consultatif sur l’éducation postsecondaire en français.

Le plan constitue un premier suivi aux recommandations d’un groupe d’experts et du commissaire aux services en français, qui soulignaient que seulement 3% des francophones du Centre-Sud-Ouest allaient au collège ou à l’université en français, vu le peu de programmes offerts.

Le commissaire François Boileau considère d’ailleurs que le plan annoncé «ouvre la voie au développement et à la mise en œuvre de solutions concrètes et pragmatiques» pour remédier à ce faible taux d’accès aux études supérieures en français dans la région.

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«Dans un climat de restrictions budgétaires», ajoute-t-il, «le gouvernement fait preuve de vision en investissant dans l’avenir de la communauté francophone et francophile, et dans l’atout indéniable que représente une population parlant les deux langues officielles au pays dans une économie de plus en plus compétitive.»

Bouquet d’universités

On est encore loin de la création d’une véritable université franco-ontarienne, mais on veut déjà permettre «à tous les établissements francophones, dont l’Université d’Ottawa et l’Université Laurentienne, de se qualifier pour du financement afin d’offrir des programmes en français dans le centre et le sud-ouest de l’Ontario en partenariat avec une université ou un collège local».

On encourage aussi des partenariats entre les établissements d’enseignement postsecondaire bilingues et les organismes de prestation de services d’emploi et de formation pour créer davantage de programmes en français.

«Aider les étudiants francophones à réussir dans leur langue signifie améliorer l’accès à la formation et à l’éducation nécessaires pour obtenir de bons emplois, diversifier notre main-d’œuvre et renforcer l’économie», a déclaré Brad Duguid.

«Le plan d’action créera plus d’options pour les étudiants, apprentis et autres apprenants francophones», a résumé Madeleine Meilleur.

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Autonomie de Glendon

Le commissaire François Boileau s’interroge tout de même sur l’autonomie du Collège Glendon. «Bien que ce plan d’action propose d’évaluer la capacité du Collège Glendon à offrir plus de programmes en français, il fait abstraction de la question de la gouvernance par les francophones, qui s’avère pourtant cruciale pour assurer la protection des programmes en français actuels et leur développement», a indiqué le commissaire.

Glendon appartient, en effet, à l’Université York, qui n’est pas une institution francophone ni même vraiment bilingue. «Le Collège Glendon n’a actuellement aucun pouvoir de décision réel dans la création de nouveaux programmes en français sans le consentement de l’Université York.»

Qu’à cela ne tienne, pour le recteur et vice-chancelier Mamdouh Shoukri, cette annonce gouvernementale est un «vote de confiance» envers l’Université York, qui est «fière de s’associer au gouvernement pour élargir et améliorer les programmes et services destinés à appuyer l’éducation en langue française et bilingue».

Succès de Boréal

Quant au comité consultatif annoncé, M. Boileau s’inquiète «que l’échéancier proposé soit trop éloigné». Il importe aussi, dit-il, «qu’une place de choix soit accordée aux établissements postsecondaires qui offrent déjà des programmes en français dans le Centre-Sud-Ouest au sein de ce comité, tels que le Collège Boréal par exemple, qui travaille sur le terrain depuis dix ans».

Le nouveau président du Collège Boréal, Pierre Riopel, a bien accueilli le plan d’action du gouvernement ontarien, qui «s’aligne parfaitement», dit-il, «avec les contributions, les succès et la croissance tangibles du Collège depuis que le gouvernement lui a confié, en 2002, le mandat de l’éducation collégiale en français dans cette région.»

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Depuis que le Collège Boréal (dont le campus principal est à Sudbury) a pignon sur rue au 1, rue Yonge, à Toronto, le nombre d’étudiants inscrits a bondi de près de 20% et le nombre de programmes offerts a crû de 72%.

«Nous nous sentons privilégiés d’avoir pignon sur rue à Toronto, en plus des 15 autres centres d’accès situés à Barrie, Hamilton, London, Niagara (Welland), Windsor et Mississauga», précise-t-il.

États généraux

L’Ontario compte plus de 600 000 francophones, soit la plus importante population francophone au Canada hors Québec. Plus du tiers de la population francophone de la province vit dans le centre et le sud-ouest de l’Ontario. D’ici 2020, plus de la moitié de la population francophone de l’Ontario résidera dans ces régions.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) accueille positivement ce développement. «C’est un premier pas dans la bonne direction et nous ne pouvons que saluer cette initiative qui offre une piste d’amélioration.»

«Toutefois», a déclaré le président de l’AFO, Denis Vaillancourt, «cela n’occulte pas la réflexion à long terme que doit mener la communauté franco-ontarienne sur l’avenir de l’éducation postsecondaire en français et sur la question de gouvernance par et pour les francophones.»

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M. Vaillancourt invite les gens à participer aux prochaines consultations régionales organisées dans le cadre des États généraux sur le postsecondaire en Ontario français (à Toronto le 9 novembre) et à y exprimer leurs points de vue.

Ces consultations sont organisées par le Regroupement des étudiants franco-ontariens (RÉFO). Son représentant au Collège Glendon, Éric Desrochers, a déclaré jeudi qu’il trouvait «très encourageants» les efforts du gouvernement pour trouver une solution immédiate à l’accès au postsecondaire en français. «À moyen terme, les étudiants continuent de croire que la gouvernance est la solution pour garantir un accès permanent aux études en français», dit-il.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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