L’élection présidentielle américaine de 2008, où un noir et une femme ont triomphé, n’a jamais été une question de race ou de sexe. Peu de Démocrates ont voté pour Barack Obama pour ne pas se retrouver avec une présidente, ou pour Hillary Clinton pour fermer la porte de la Maison Blanche à un noir.
Cette élection oppose deux générations. En choisissant le jeune sénateur de l’Illinois comme candidat à la présidence, plutôt que l’ex-Première Dame du pays et sénatrice de New York, soi-disant plus «expérimentée», les Démocrates ont signalé leur intention de s’affranchir des politiciens traditionnels qui refusent de reconnaître leurs erreurs et leur part de responsabilité dans les récents fiascos internationaux et les difficultés économiques des États-Unis.
L’échec de John Kerry en 2004 contre George W. Bush explique en grande partie les réticences des Démocrates à l’endroit d’une autre représentante de l’establishment du parti qui avait voté pour l’invasion de l’Irak. C’est cette soif de sincérité et de nouveauté qui a favorisé Obama, dont «l’inexpérience» est devenue un atout presqu’aussi solide que son extraordinaire éloquence.
Ce choix générationnel deviendra encore plus évident quand s’engagera la vraie campagne entre Obama et le candidat républicain John McCain, le vieux sénateur de l’Arizona prêt à intensifier la «guerre au terrorisme» – on se demande avec quels moyens et quels appuis, mais on sait avec quelles conséquences désastreuses.