États-Unis: un choix de génération

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 17/06/2008 par François Bergeron

L’élection présidentielle américaine de 2008, où un noir et une femme ont triomphé, n’a jamais été une question de race ou de sexe. Peu de Démocrates ont voté pour Barack Obama pour ne pas se retrouver avec une présidente, ou pour Hillary Clinton pour fermer la porte de la Maison Blanche à un noir.

Cette élection oppose deux générations. En choisissant le jeune sénateur de l’Illinois comme candidat à la présidence, plutôt que l’ex-Première Dame du pays et sénatrice de New York, soi-disant plus «expérimentée», les Démocrates ont signalé leur intention de s’affranchir des politiciens traditionnels qui refusent de reconnaître leurs erreurs et leur part de responsabilité dans les récents fiascos internationaux et les difficultés économiques des États-Unis.

L’échec de John Kerry en 2004 contre George W. Bush explique en grande partie les réticences des Démocrates à l’endroit d’une autre représentante de l’establishment du parti qui avait voté pour l’invasion de l’Irak. C’est cette soif de sincérité et de nouveauté qui a favorisé Obama, dont «l’inexpérience» est devenue un atout presqu’aussi solide que son extraordinaire éloquence.

Ce choix générationnel deviendra encore plus évident quand s’engagera la vraie campagne entre Obama et le candidat républicain John McCain, le vieux sénateur de l’Arizona prêt à intensifier la «guerre au terrorisme» – on se demande avec quels moyens et quels appuis, mais on sait avec quelles conséquences désastreuses.

Publicité

L’élection présidentielle américaine de 2008 ne sera cependant pas bêtement une question d’âge. Chez les Républicains, John McCain était, malgré ses 72 ans, le plus «jeune» des candidats en terme de génération politique. Ses adversaires Mitt Romney (encore plus obsédé par la sécurité) et Mike Huckabee (plus religieux) représentaient des courants plus anciens ou rétrogrades. Son programme économique (libre-échangiste) et social (favorable à l’intégration des immigrants illégaux) était également plus progressiste que celui de ses adversaires républicains.

John McCain a d’ailleurs gagné grâce aux électeurs «indépendants», dont il aura bien besoin en novembre car les primaires démocrates ont systématiquement attiré deux fois plus d’électeurs que les républicaines. Un tel engouement préfigure normalement une victoire démocrate, mais bien des choses peuvent se produire dans les cinq prochains mois. Barack Obama a gagné grâce aux jeunes, notoirement difficiles à mobiliser et surtout à garder mobilisés jusqu’au bout.

C’est devenu un cliché: cette course présidentielle est l’une des plus fascinantes de l’histoire des États-Unis; les enjeux ont rarement été aussi importants; le monde retient son souffle.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur