Et si on parlait d’inclusion?

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Publié 20/02/2006 par Marta Dolecki

Vaste sentiment de perdition que celui d’un francophone arrivant pour s’installer dans la Ville-Reine. Il se croyait bien préparé, mais souvent, la réalité n’est pas vraiment celle décrite par les brochures du ministère de l’Immigration ou bien encore celle façonnée par ses propres perceptions et a priori. Viennent alors se poser les éternelles questions: où aller? Vers qui se tourner? Comment conserver sa langue d’origine, faire partie d’une francophonie qui a déjà ses racines et ses ailes bien implantées dans la Ville-Reine?

Dans ce contexte, le mélange de désarroi et de malaise initial peut vite se transformer en un sentiment durable: celui de se considérer exclu d’une communauté avec laquelle on partage, certes, une même langue, mais qu’on ne comprend pas, dans laquelle on ne se retrouve pas, et qui, en retour, ne fait rien pour vous aider à faire partie de la gang.

Face à ce phénomène souvent pointé du doigt, un petit groupe composé d’intervenants de l’ACFO-Toronto, du Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE) de l’Ontario et du Centre ontarien d’information en prévention (COIP) a décidé de prendre le taureau par les cornes en organisant un forum sur l’inclusion sociale mercredi dernier à Toronto.

Le résultat? La création, sur place, d’un groupe de travail qui, dorénavant, sera expressément chargé de traiter des problématiques relatives à l’inclusion, et ceci, à l’échelle de la francophonie torontoise.

«Souvent, le sentiment d’aliénation est très présent chez nos communautés immigrantes», fait valoir le président de l’ACFO-Toronto Marcel Grimard. «Ces dernières ont l’impression de ne pas appartenir à la communauté francophone plus large. Se pose alors pour elles le problème du manque de reconnaissance, l’impression de ne pas être appréciées. Il y a souvent un sentiment d’incompréhension d’une part et d’autre. La communauté dite de souche se perçoit comme une société accueillante qui fait des efforts et ne comprend pas que sa bonne volonté ne soient pas reconnue, continue-t-il. Dans les deux cas, c’est important de créer des occasions de dialogue.»

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Le groupe de travail, qui aura pour objectif de faciliter ce même dialogue, se compose de membres du Centre francophone, de l’Union provinciale des minorités raciales et ethnoculturelles francophones (UP-MREF), d’Oasis Centre des femmes, du RDÉE et de l’ACFO-Toronto. Des priorités telles que la création de partenariats, d’outils de concertation, le développement de programmes sur la connaissance de l’autre et la fierté identitaire, le développement de moyens de communication pour rejoindre la communauté francophone à travers les médias anglophones, ont été identifiées.

Selon le président de l’ACFO-Toronto, l’exclusion du marché du travail demeure l’élément déclencheur générant un sentiment d’exclusion. L’exposition agressive des signes de richesse chez les autres accentue ensuite le sentiment de ses propres limitations. Arrivent ensuite les distinctions plus subtiles. On parle français, mais on se fait reprendre sur son langage, on est pointé du doigt en raison de sa couleur de peau, de ses origines ou, encore, de son orientation sexuelle.

Le RDÉE, l’ACFO-Toronto, le Centre ontarien d’information en prévention: les organisateurs du forum font tous partie d’organismes communautaires, et mercredi dernier, lors du forum sur l’inclusion sociale, ce sont une cinquantaine de personnes, toutes d’horizons différents, qui ont répondu à leur appel.

«Nous avons essayé de nous concentrer sur la problématique de l’inclusion à l’échelle de la francophonie torontoise. Souvent, ici, le français est ce qui nous amène ensemble, mais pas ce qui nous garde ensemble», fait savoir Hélène Roussel, consultante en promotion de la santé au Centre ontarien d’information en prévention.

«Nous sommes tellement différents, nous ne possédons pas tellement d’éléments rassembleurs au sein des différents groupes qui composent la communauté francophone. Ce que l’on s’est dit, c’est que, pour réussir à développer des sentiments d’appartenance et d’inclusion, il fallait travailler sur des valeurs communes. Il y a toujours des expériences similaires qui nous unissent, même si on vient tous d’endroits différents», ajoute Mme Roussel.

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Il s’agit ici d’avancer à son rythme, un pas après l’autre. Les intervenants communautaires ne prétendent pas résoudre d’un coup tous les problèmes liés à l’exclusion et le premier forum n’en a d’ailleurs jamais eu la prétention. «La rencontre d’aujourd’hui portait davantage sur la sensibilisation», explique Hélène Roussel. Au moins trois nouveaux forums qui, promettent les organisateurs, déboucheront sur des actions concrètes, sont prévus pour le début de l’année 2006, avant le mois de mars.

Le projet est à ce stade financé par l’Agence de santé publique du Canada, mais Hélène Roussel, espère que les forums gagneront vite en importance pour être ensuite pris en charge à l’échelle locale, par les organismes participants.

Pour de plus amples informations, visitez le site Internet http://www.jen-fais-partie.ca/apropos.htm

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