Vaste sentiment de perdition que celui d’un francophone arrivant pour s’installer dans la Ville-Reine. Il se croyait bien préparé, mais souvent, la réalité n’est pas vraiment celle décrite par les brochures du ministère de l’Immigration ou bien encore celle façonnée par ses propres perceptions et a priori. Viennent alors se poser les éternelles questions: où aller? Vers qui se tourner? Comment conserver sa langue d’origine, faire partie d’une francophonie qui a déjà ses racines et ses ailes bien implantées dans la Ville-Reine?
Dans ce contexte, le mélange de désarroi et de malaise initial peut vite se transformer en un sentiment durable: celui de se considérer exclu d’une communauté avec laquelle on partage, certes, une même langue, mais qu’on ne comprend pas, dans laquelle on ne se retrouve pas, et qui, en retour, ne fait rien pour vous aider à faire partie de la gang.
Face à ce phénomène souvent pointé du doigt, un petit groupe composé d’intervenants de l’ACFO-Toronto, du Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE) de l’Ontario et du Centre ontarien d’information en prévention (COIP) a décidé de prendre le taureau par les cornes en organisant un forum sur l’inclusion sociale mercredi dernier à Toronto.
Le résultat? La création, sur place, d’un groupe de travail qui, dorénavant, sera expressément chargé de traiter des problématiques relatives à l’inclusion, et ceci, à l’échelle de la francophonie torontoise.
«Souvent, le sentiment d’aliénation est très présent chez nos communautés immigrantes», fait valoir le président de l’ACFO-Toronto Marcel Grimard. «Ces dernières ont l’impression de ne pas appartenir à la communauté francophone plus large. Se pose alors pour elles le problème du manque de reconnaissance, l’impression de ne pas être appréciées. Il y a souvent un sentiment d’incompréhension d’une part et d’autre. La communauté dite de souche se perçoit comme une société accueillante qui fait des efforts et ne comprend pas que sa bonne volonté ne soient pas reconnue, continue-t-il. Dans les deux cas, c’est important de créer des occasions de dialogue.»