Esprit du fédéralisme, es-tu là?

Dès 2009, une Journée de la francophonie canadienne au Québec

Benoit Pelletier
Benoit Pelletier, alors ministre québécois des Affaires intergouvernementales canadiennes en 2008, à la tribune du Canadian Club de Toronto. Photo: archives l-express.ca
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Publié 07/10/2008 par François Bergeron

Le gouvernement du Québec souhaite que les Canadiens-Anglais renoncent aux réflexes unitaires, uniformisateurs et centralisateurs pour redécouvrir l’esprit et les principes du «vrai» fédéralisme, respectueux de la diversité linguistique, culturelle et politique du pays.

Telle était la teneur «philosophique» du discours qu’est venu livrer le ministre québécois des Affaires intergouvernementales canadiennes Benoit Pelletier, vendredi midi au Canadian Club de Toronto. Curieusement, au même moment dans le même hôtel, le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe s’adressait à l’Economic Club au lendemain du débat télévisé en anglais des chefs des cinq partis politiques en vue du scrutin fédéral du 14 octobre.

M. Pelletier n’a désigné personne en particulier mais tenait à avertir l’ensemble de la classe politique canadienne que l’accord de 2004 sur la santé, qui a consacré le «fédéralisme asymétrique», les efforts visant à régler le «déséquilibre fiscal» en 2005 et la reconnaissance des Québécois en tant que «nation» dans un Canada uni en 2006, étaient des étapes – il y en aura d’autres –dans l’évolution d’un «véritable État fédéraliste» canadien.

M. Pelletier trouve «ironique» qu’en insistant pour prendre part à toute décision sur, par exemple, une éventuelle réforme du Sénat, c’est le Québec qui se trouve à défendre la Constitution canadienne et le gouvernement fédéral qui la bafouerait en agissant unilatéralement.

Il a comparé les Québécois au sein du Canada aux Allemands en Europe, aux Écossais en Grande-Bretagne et aux Texans aux États-Unis, dont la double allégeance est salutaire et vient renforcer leur fédération.

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En entrevue à L’Express, il a précisé que «plusieurs Canadiens voient les provinces comme des empêcheurs de faire tourner le fédéralisme en rond», alors que, selon lui, le bon fonctionnement du fédéralisme canadien passe notamment par le respect des compétences et des aspirations provinciales.

Son gouvernement veut continuer de rapatrier des pouvoirs en matière de langue et de culture – du moins en ce qui concerne ce qui se passe sur son territoire, ce qui ne décharge pas Ottawa de ses obligations envers les francophones hors Québec. Prochaine cible: les activités du CRTC, l’agence fédérale de réglementation des télécommunications.

Le ministre Benoit Pelletier (dont les attributions sont longues à énumérer, Affaires inter, autochtones, francophonie, réforme des institutions, accès à l’information, responsable de l’Outaouais et du Nord…) a révélé qu’une «Journée de la francophonie canadienne» annuelle sera créée au Québec en 2009 afin de resserrer les liens entre les Québécois et les autres francophones du pays. La semaine prochaine, ce rapprochement sera aussi souligné par l’inauguration des locaux, dans le Vieux-Québec, du Centre de la francophonie des Amériques.

Appelé à commenter la récente proposition du chef libéral fédéral Stéphane Dion de convoquer une conférence fédérale-provinciale sur la crise financière américaine et ses répercussions au Canada, M. Pelletier a dit que «tous les outils servant à développer des consensus sont les bienvenues».

Et de telles discussions ont déjà lieu. Quelques jours avant le passage de M. Pelletier à Toronto, le Premier ministre québécois Jean Charest participait, à Niagara-on-the-Lake, au forum économique organisé par le Premier ministre ontarien Dalton McGuinty.

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De son côté, le chef bloquiste Gilles Duceppe a fait valoir à son auditoire de Bay Street qu’en cette période de tourmente économique, il ne fallait surtout pas «donner un chèque en blanc à Stephen Harper».

M. Duceppe a également profité de la tribune torontoise pour dénoncer les compressions des Conservateurs en culture, ce qui lui a valu les félicitations de l’écrivaine Margaret Atwood, assise à la table d’honneur. La plus célèbre des écrivaines canadiennes-anglaises a fait les manchettes en déclarant que si elle habitait au Québec elle voterait pour le Bloc!

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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