Envoûtante Moscou

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Publié 12/08/2014 par Aurélie Resch

L’homme au crâne rasé et au tatouage assorti au pitbull assis au garde-à-vous au bout de la laisse balance la tête au rythme des décibels technos de la radio chromée posée par terre à ses côtés.
Non loin, assises sur un banc du parc, deux dames âgées, fichu sur la tête et robe large, discutent impassibles. Dubitative, je fais mes premiers pas dans la capitale russe, riche en art, en histoire et en contrastes.

Avec 12 millions d’habitants intra-muros, Moscou est la ville la plus peuplée d’Europe et aussi celle dont le budget est le plus élevé comparé à celui de toutes les autres capitales européennes (52 milliards $ en 2012, comparé à 10 milliards $ pour Toronto qui compte moins de 3 millions d’habitants).

Ses universités et ses tours en verre et en béton se juxtaposent aux épais blocs de ciment gris, logements du peuple sous l’ère soviétique. De petites boutiques dans les sous-sols de maisons de ville ou cachées à l’arrière d’autres boutiques côtoient les magasins de marque.

Pas de mendicité dans les rues. Quelques belles voitures, des téléphones cellulaires à l’oreille, partout. Une jeunesse pleine de vie qui s’amuse et des femmes qui se couvrent les cheveux en entrant dans les églises.

Moscou intrigue

Le centre névralgique de Moscou se trouve sur la Place Rouge. Manifestations, célébrations et tourisme occupent l’endroit.

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Séduite par l’architecture folle de la cathédrale de Saint-Basile-le-Bienheureux, je ne me laisse pas moins distraire par l’installation de scènes de concerts pour la fête annuelle estudiantine ce soir.
Se greffant sur la sévérité et majesté du Kremlin, les montages son et lumière de la soirée à venir offrent une alternative étrange à la solennité des lieux. Idem pour ce Mac Donald niché près de la Place Rouge, entre l’hôtel Sheraton Palace et le centre commercial de luxe Gum. Moscou n’en est pas à un contraste près.

Son métro, qui m’aspire jusqu’au centre de la Terre, est un musée à lui seul.

Chaque jour, des milliers d’usagers passent dans des stations aux façades marbrées ornées d’immenses sculptures en bronze ou décorées de mosaïques représentant les différentes époques de la politique et de la société russes. Un ravissement pour les yeux et pour les amateurs d’art.

La plupart des gens dans la rue sont porteurs de la mode, de la coupe de cheveux aux chaussures.

Je vois peu de quadragénaires en milieu de journée, plutôt tapis dans leur bureau ou au volant de leur voiture. Hormis les touristes, la ville semble appartenir aux jeunes, aux personnes âgées. Aux familles, parfois.

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Tout ce beau monde magasine, s’affaire, se marie, se promène, se rend à l’école, à une administration, dans une église ou au marché, se côtoyant sans pourtant, semble-t-il, se mêler.

Une ville qui vit jour et nuit

Moscou me surprend par son activité débordante. Se déplacer en voiture aux heures de pointe le matin et en milieu de journée relève du défi, tant la circulation est saturée. La marche et le métro sont donc d’un grand secours.

Sous-terre, dans les parcs, les avenues, les magasins et les musées, la vie bat son plein. Chaque lieu semble attirer une foule bien particulière. Aux amoureux et amateurs d’alcool, les parcs. Les boutiques et les musées aux femmes aisées et aux étudiantes (touristes mis à part bien sûr).

Les cafés et les places sont des lieux d’échanges et on peut rester un certain temps à observer des groupes discuter dans une langue mélodieuse, mais incompréhensible.

Ne parlant pas le russe, je ne me hasarde pas vraiment à entrer en contact avec les gens. Et pourtant nombreux sont ceux qui parlent le français. J’ai trouvé facile de discuter avec des guides touristiques, des personnes travaillant dans les hôtels ou même (le hasard) des artistes d’un spectacle.

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Cultivés, ces personnes font souvent preuve d’un humour caustique aussi agréable que déroutant, sur leur histoire, leurs politiques que sur l’avenir du pays. Des échanges qui viennent agréablement ponctuer une visite du théâtre Bolchoï ou de la cathédrale du Christ Sauveur.

Le soir tombé, la vie ne ralentit pas et les restaurants et bars occupés le restent tard. J’ai trouvé les Moscovites désireux de sortir, de faire la fête, de se retrouver entre amis ou en famille pour écouter un concert (classique ou underground), assister à un spectacle ou tout simplement pour profiter de l’incroyable phénomène des nuits blanches en été.

Les parcs regorgent d’amoureux et les bords de la Moskova invitent à la flânerie. Dans une ville où tout coûte cher et où il faut travailler double pour joindre les deux bouts, l’apparente gaîté et nonchalance des habitants trouble.

Je me suis laissé dire «Moscou, c’est comme la Russie, vous l’aimez, mais jamais vous ne la comprendrez». Et c’est vrai, Moscou envoûte, séduit et ne laisse certainement pas indifférent. À nous d’y aller et d’y retourner pour voir si on peut contredire ce dicton.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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