Écoles anglaises et françaises: une question d’équité

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Publié 09/06/2009 par Annik Chalifour

L’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC) a comparu devant le Comité sur les langues officielles à Ottawa mardi 2 juin. «Une première pour l’AFOCSC, qui jusqu’à date avait défendu ses droits au niveau provincial», mentionne Dorothée Petit-pas, présidente de l’AFOCSC, qui a comparu en compagnie de Carole Drouin, directrice générale de l’Association. L’AFOCSC a présenté un mémoire comportant 14 recommandations enjoignant le gouvernement fédéral à appuyer le développement durable de l’éducation catholique de langue française en situation minoritaire.

«Le démarchage, telle que notre récente comparution à Ottawa, fait partie des fonctions de notre Association pour soutenir l’épanouissement de l’éducation catholique de langue française en Ontario», dit Mme Petit-pas.

L’AFOCSC agit en tant que porte-parole des huit conseils et des cinq administrations scolaires catholiques de langue française de l’Ontario qui desservent près de 70 000 élèves franco-ontariens.

«Cependant il est assez rare qu’une Association provinciale comparaisse devant une entité fédérale. Cette comparution nous est apparue d’autant plus judicieuse, vu que le Comité sur les langues officielles s’apprête à finaliser son rapport sur les études postsecondaires», ajoute-t-elle.

Revendication au fédéral

«Il fut très intéressant de pouvoir revendiquer nos droits auprès de représentants de l’ensemble des partis politiques, alors que jusqu’à maintenant, nous avions défendu nos droits qu’auprès des instances provinciales.»

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Dorothée Petit-pas, conseillère scolaire à Toronto, évolue dans le milieu de l’éducation en Ontario depuis plus de 20 ans. Durant neuf ans, avant la création des Conseils scolaires francophones, elle a travaillé comme conseillère scolaire auprès du conseil anglophone dans la région de Brantford.

Les membres de l’AFOCSC ont élu Mme Petit-pas à titre de présidente de l’Association lors de leur dernière Assemblée générale annuelle tenue le mois passé.

Parmi les 14 recommandations du mémoire de l’AFOCSC, dont l’objectif général est d’augmenter l’accès et la rétention des élèves au sein du système d’éducation catholique de langue française, trois d’entre elles sont prioritaires, selon Mme Petit-pas.

Financement pour des garderies

En premier lieu, le financement du projet de la construction de garderies francophones revêt une importance particulière pour l’AFOCSC.

«Il est essentiel que les enfants des nombreux parents exogames puissent fréquenter une garderie francophone. Cette période de deux années préalable à la maternelle est cruciale pour favoriser l’apprentissage du français chez les petits et leur continuité au sein de notre système d’éducation», précise Mme Petit-pas.

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Le financement de la construction de plus d’écoles françaises mieux équipées fait également partie des requêtes essentielles de l’AFOCSC. Mme Petit-pas fait référence à la situation déficitaire des écoles françaises quant à leurs infrastructures.

«Il y a deux ans, dans la région d’Ottawa, 16 millions $ ont été accordés pour la construction d’une école française, alors qu’on accordait la somme de 32 millions $ durant la même période pour la construction d’une école anglaise», mentionne la présidente.

Infrastructure déficitaire

Le financement de la construction des écoles est basé sur le nombre d’élèves, au détriment des écoles françaises.

«Quand vient le temps pour les parents de choisir l’école secondaire que fréquenteront leurs enfants, la plupart d’entre eux décide d’inscrire leurs jeunes dans les écoles anglaises. Celles-ci offrent deux fois plus de cours et jouissent d’infrastructures beaucoup plus imposantes en comparaison avec les écoles françaises», lance Mme Petit-pas.

L’AFOCSC dénonce le manque d’équité dans le système d’éducation publique, où les programmes et services des écoles anglophones et francophones sont loin de s’équivaloir.

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Enfin l’un des points les plus importants du mémoire de l’AFOCSC touche la rétention des élèves, sur laquelle repose le développement durable de l’éducation de langue française.

Retenir les élèves au secondaire

«L’un de nos plus grands défis est de garder nos élèves suite à la complétion de leur 8e année. Nous y travaillons avec acharnement. Dans ce but, nous avons décidé de placer les 7e et 8e sous le même toit que les 9e à la 12e, pour encourager les jeunes à rester dans leur école secondaire française.»

44 % des enfants des ayants droit francophones fréquentent actuellement les écoles anglaises!

Le ministère de l’Éducation de l’Ontario (MÉO) est à l’écoute des revendications de l’AFOCSC. Cependant, la situation économique actuelle ne lui permet pas d’offrir plus que ce dont il dispose… Les temps sont difficiles!

Dans ce contexte, l’AFOCSC a tenu à remémorer au fédéral ses responsabilités légales face à son appui vis-à-vis de la situation de l’éducation catholique française en milieu minoritaire.

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Responsabilités légales

«Entre autres, l’article 23 de la Charte canadienne des droits qui soulève l’équité en matière d’éducation et par lequel les services devraient être comparables entre les systèmes d’éducation anglophone et francophone», mentionne Carole Drouin, directrice de l’AFOCSC.

«D’autre part, la partie sept de la Loi sur les langues officielles donne la responsabilité au fédéral de contribuer à l’épanouissement des communautés en situation minoritaire».

Par ailleurs, Graham Fraser, commissaire aux langues officielles, émettait dans son 3e rapport soumis au Parlement le 26 mai dernier, que dans la conjoncture actuelle, «seul le leadership du gouvernement fédéral et un partenariat accru avec les autres ordres du gouvernement, permettront d’éviter que la crise économique n’érode les gains des communautés de langue officielle, difficilement acquis au fil des ans».

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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